Luc 23, 35-43

Le Christ, roi crucifié

Père Wolfgang Trilling

Fête du Christ-Roi, AS 65, p. 57s

        Un certain nombre de détails font ressortir les accentuations propres à saint Luc dans l’évangile de ce jour.

Luc cite plusieurs textes messianiques dont l’importance et la diversité peuvent échapper à l’auditeur d’aujourd’hui. Il évite autant que possible les titres politiques, et, s’il parle du roi des Juifs, c’est à cause de l’inscription sur la croix : Celui-ci est le roi des Juifs, que seul mentionne le troisième évangile.

En dehors de là, Luc ne mentionne que des titres religieux qui exprime la foi de la communauté chrétienne : Messie de Dieu, Elu, Christ. Il écarte de la sorte l’ambiguïté d’une lecture historisante de la Passion, pour orienter vers sa véritable compréhension christologique et sotériologique.

Les insultes adressées à Jésus font pressentir la réplique indignée de la communauté chrétienne : Oui, Jésus est vraiment le Messie ! Oui, Jésus a vraiment sauvé les autres ! Du contraste entre le titre politique de roi des Juifs et la parole de Jésus rapportée juste avant sa mort : En vérité, je te le dis, dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis, ressort la signification du Règne universel du Christ. Sa souveraineté est fondée sur le don de soi aux autres, sur l’accomplissement de sa vocation : sauver les autres et tout ce qui était perdu. Elle s’exerce quand on entre en communion avec lui, par la souffrance et l’obscurité de la mort acceptée dans la foi.

Le terme Paradis peut évoquer chez les auditeurs bien des idées différentes. En tout cas, il ne s’agit pas du soi-disant paradis perdu des origines bibliques, ni d’un merveilleux pays imaginaire, et on aurait tort de se laisser aller à des représentations apocalyptiques. Le mot traditionnel utilisé par Luc ne veut ici rien dire d’autre qu’avec moi : on pourrait donc l’omettre sans changer de sens. En effet, il s’agit de la communion avec le Christ glorifié, avec le Christ des vivants.