Galates 1, 11-24

Celui qui m’a appelé daigna révéler en moi son Fils

Pierre Bonnard

L’épître de saint Paul aux Galates, p. 30-31s

        On voit dans cette expression la description autobiographique, par Paul, de sa vision du Christ ressuscité, sur le chemin de Damas. Cette vision fut essentiellement, dans son contenu, une révélation du Crucifié, comme Fils ressuscité de Dieu. Certains pensent que l’événement de Damas fut un ébranlement psychologique, une vision tout intérieure, contrairement aux trois récits que nous en donnent les Actes des Apôtres. Une révélation, chez saint Paul, est toujours, soit un événement eschatologique  marquant les tout derniers jours de l’histoire, soit une indication de l’Esprit en vue de l’édification de l’Eglise ou de la prédication de l’Evangile. Il est vraisemblable que Paul fait ici allusion d’abord à sa conversion devant Damas, mais aussi et principalement à tout ce que l’Esprit lui révéla sitôt après, dans l’Eglise de Damas. Ce que l’Esprit lui révéla en ces premiers jours de sa vie chrétienne, ce fut, d’une part la signification du Christ mort et ressuscité pour le salut des nations, et, d’autre part, la part personnelle qui lui était dévolue dans la proclamation de cet Evangile. Cette interprétation, qui suppose un séjour de Paul à Damas, après sa conversion, est confirmée par le terme « de nouveau ». Si Paul revint à Damas après son séjour en Arabie, c’est qu’il y avait séjourné avant ce séjour en Arabie.

Cette révélation du Fils de Dieu en Paul fut sans doute la découverte de la messianité et de la résurrection du crucifié ; il ne s’agit donc pas d’une révélation au sens d’une extase mettant Paul en communication avec un Christ purement céleste : il fut révélé à Paul que le crucifié était maintenant ressuscité. Cette révélation d’ailleurs n’avait pas pour but principal l’instruction personnelle de l’apôtre, mais son apostolat parmi les nations ; la locution « afin que », comme souvent dans le Nouveau Testament, souligne ici aussi le dessein de Dieu. Dans ce sens, Bossuet, qui ramenait la conversion de l’apôtre à un ébranlement intérieur, défendait l’idée que Paul n’avait pris que peu à peu conscience de sa vocation d’apôtre des Gentils sous l’influence de Barnabé.