Vendredi des Cendres

Exode 2, 1-22

L’enfant caché et sauvé

Origène

Homélie 2 sur l’Exode, SC 321, p. 81s

 

        L’Ecriture rapporte qu’une femme de la tribu de Lévi mit au monde un enfant mâle ; elle vit que l’enfant était beau, elle le cacha pendant trois mois.

        Vois si ce n’est point là pour nous prescrire de ne pas faire nos bonnes actions en public, de ne point pratiquer notre justice devant les hommes, mais de prier le Père, porte fermée, dans le secret, et ce que fait notre main droite, que la gauche l’ignore. Car si ce n’est pas dans le secret, les Egyptiens vont faire irruption, s’en emparer, le jeter dans le fleuve, le plonger sous les vagues et les flots. Donc, si je fais l’aumône, comme c’est une œuvre de Dieu, je procrée un enfant mâle. Mais si je la fais pour qu’elle soit connue des hommes, et pour que je m’attire leur louange, si je ne la cache point, mon aumône devient la proie des Egyptiens, elle est engloutie dans le fleuve, et c’est pour les Egyptiens qu’avec tant de peine et tant d’ardeur j’ai procréé un enfant mâle. C’est pourquoi, peuple de Dieu, vous qui entendez cela, ne croyez pas qu’on vous lise des fables des Anciens, mais qu’on vous enseigne par elles à connaître le sens de la vie, les principes de la morale, les combats de la foi et de la vertu.

        Voyant que l’enfant était beau, ces gens de la tribu de Lévi le cachèrent pendant trois mois. Comme ils ne pouvaient plus le tenir caché, sa mère prit une corbeille, l’enduisit de bitume, y mit l’enfant et la déposa parmi les joncs au bord du fleuve. Sa sœur surveillait de loin pour voir ce qui lui adviendrait. Or la fille de Pharaon descendit pour se baigner dans le fleuve ; elle entendit l’enfant pleurer, elle envoya sa servante le chercher, elle le prit et dit : c’est un enfant des Hébreux. On rapporte ensuite que la sœur dit d’appeler la mère de l’enfant qui serait sa nourrice. Et la fille de Pharaon dit à celle-ci : Garde-moi cet enfant, nourris- le moi, et moi je te donnerai ton salaire. Quand elle l’eut nourri, et qu’il eut grandi, elle l’amena à la fille de Pharaon. Il devint pour elle un fils, et elle l’appel du nom de Moïse, car, dit-elle, je l’ai tiré des eaux.