Esdras 6, 1-5+14-22

Le Temple, présence de Dieu

Père Yves Congar

Le mystère du Temple, p. 103s

          Israël n’avait été libéré d’Egypte que pour être purement le peuple de Dieu consacré à son culte. L’édit rendu par Cyrus, en 538, libérait les déportés de Babylonie pour rebâtir la Maison de Dieu, le Dieu d’Israël, le Dieu qui est à Jérusalem, et offrir à ce Dieu sacrifices et prières. Ainsi Dieu ne libère jamais son peuple que pour lui permettre de lui rendre purement le culte qu’il attend de lui.

          Les travaux commencés en 536, entravés par le manque de zèle et l’individualisme de tant de rapatriés qui tentaient d’arranger en premier lieu leurs propres affaires, et aussi par l’opposition des Samaritains, furent repris en 520 sous l’impulsion des prophètes Aggée et Zacharie, sous la direction de Zorobabel, prince de Juda, et de Josué, grand prêtre. La reconstruction du Temple est achevée en février-mars 515 ; on y célèbre la Dédicace, et on y fête la première Pâque.

          Dans les récits des livres d’Esdras et de Néhémie, comme d’ailleurs chez les prophètes de l’exil et de la restauration, le Temple est le plus habituellement désigné par l’expression Maison de Dieu, beith en hébreu : souvent on trouve cette formule : La Maison de Dieu qui est à Jérusalem. (C’est ce mot Maison qui a été préféré lors de la dernière traduction liturgique de la Bible au mot Temple).

          Le Temple reconstruit par Zorobabel, hâtivement maçonné au milieu des difficultés, n’atteignait pas à la splendeur de celui de Salomon, peut-on lire dans le livre d’Esdras. C’est pourtant ce Temple qui fut le centre, le cadre, et d’une certaine façon l’objet de la ferveur d’Israël à cette époque du Judaïsme qui commence avec cette restauration sous Esdras et Néhémie : restauration cultuelle et légaliste, assez étroitement judéenne et dont les actes décisifs furent la lecture de la Loi par Esdras, suivie de l’engagement solennel pris par les Judéens de la pratiquer et l’exclusion des mariages mixtes. Le Judaïsme s’étend jusqu’à l’époque de l’Evangile, dont il constitue, pour une bonne part, le cadre extérieur.