Jean 2, 13-22

Le zèle de ta maison me dévore

Saint John-Henry Newman

Sermons paroissiaux, Tome 2 : L’Année chrétienne, , p.327s

 

Le zèle constitue un élément essentiel de l’attitude chrétienne ; par lui-même, il est imparfait, pour cette raison même qu’il n’en est qu’un des éléments. C’est pourquoi, à juste titre, le zèle occupe une place importante dans l’économie juive laquelle était destinée à jeter les fondations de la foi comme celles de la conduite chrétienne. Que nous lisions les injonctions délivrées par Moïse à l’encontre de l’idolâtrie et des idolâtres, que nous retracions toute l’histoire des serviteurs choisis de Dieu tels que Pinhas, Samuel, Elie et surtout David, nous constatons que la Loi était avant tout une alliance de zèle. L’Evangile donne toute sa dimension à cette plénitude spirituelle que la Loi nous prescrit, mais était incapable de susciter en nous comme elle ne pouvait la mettre en pratique : l’amour. Il s’agit de l’amour charité, tel que le décrit saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens. Ce n’est pas simplement l’amour fraternel, lequel a toujours été inclus dans la notion même de zèle ; il s’agit bien plutôt d’une attitude permanente d’amabilité, de douceur, de compassion, de tendre considération, d’ouverture de cœur envers tout homme qui croise notre chemin, qu’il soit un frère ou un étranger. Dans ce sens, le zèle est de la Loi, l’amour est de l’Evangile. Mais l’amour porte le zèle à se perfectionner, il le purifie, il lui donne sa juste mesure. Et ainsi les saints avancent dans la voie de la perfection : Moïse termina sa vie comme le plus doux des hommes, bien qu’il l’eût commencée avec un zèle indiscipliné qui le conduisit à un acte de violence ; saint Jean, qui voulait faire descendre le feu du ciel, devint l’apôtre de l’amour ; saint Paul, qui persécuta les serviteurs de Dieu, se fit tout à tous. Et pourtant aucun d’entre eux ne perdit son zèle ; ils cherchèrent simplement à le rendre toujours plus spirituel.

L’amour, cependant, n’est pas la seul grâce qui soit nécessaire au perfectionnement du zèle, la foi en est une autre, une foi consciente du devoir à accomplir, une foi qui ne se fonde pas simplement sur ce que lui suggère le bon sens ou la logique, mais une foi qui regarde vers Dieu avec les yeux d’un serviteur envers son maître, et, dans toute la mesure du possible, recherche sa souveraine volonté avant d’agir. L’Evangile nous enseigne qu’il faut marcher par la foi, non par la vue. La foi nous enseigne à être zélé en nous gardant d’anticiper le monde à venir, mais en attendant que vienne le Juge.