2 Samuel 15,7-14+24-30 + 16,5-13

David et ses enfants

Philippe de Robert

Figures de David à travers la Bible, ACFEB, LD 177, p. 129s

 

          Pour David, ses fils sont d’abord des successeurs potentiels, lui est avant tout le fondateur de la dynastie salomonienne. Absalom est présenté moins comme un héritier impatient que comme un pur et simple usurpateur, et même comme un parricide en puissance, cas unique dans la Bible.

          L’auteur n’a pas voulu écrire une histoire de la succession de David, mais des mémoires de la cour entremêlant événements politiques et événements privés de la famille davidique, son centre d’intérêt principal restant la personnalité de David lui-même. Il le fait sans flatterie pour son héros comme sans critique malveillante, avec une affectation d’objectivité éloignée de toute hagiographie, mais non de toute sympathie.

          On voit une affection plus forte que la raison d’Etat dans le récit de la révolte d’Absalom, quand, à la veille du combat, David recommande à ses officiers de ménager son fils, et plus encore quand, à l’issue de la bataille il demande avec anxiété aux messagers si tout va bien pour Absalom. Dans les drames qui déchirent sa famille, c’est à plusieurs reprises qu’on nous montre David céder à la requête de ses enfants qui se révèlent malintentionnés et dont les conséquences seront désastreuses : il accède au désir d’Amnon prétendument malade en envoyant Thamar lui rendre visite seule, il accède à la demande d’Absalom qui insiste pour inviter Amnon à la fête où il trouvera la mort, il accède à l’exigence d’Absalom d’être reçu et donc absous de son crime, il permet enfin à celui-ci de se rendre, sous prétexte d’accomplir un vœu, à Hébron, où il se fera proclamer roi.

          David ne poursuit pas Absalom après le meurtre d’Amnon et finit par le gracier. En revanche lorsque celui-ci dresse le peuple contre lui et s’empare du pouvoir, David ne se résigne pas : sans illusion sur son fils, il prend la fuite et organise avec une grande détermination la contre-attaque. Après la mort d’Absalom, il fait taire sa détresse et se range aux admonestations de Joab pour assumer sa fonction royale. Ces divers récits laissent transparaître une admiration pour David, pour ses qualités d’homme d’Etat, aussi bien que sa compassion de père et sa vulnérabilité devant ses enfants. En un mot, ces récits s’intéressent à la personne de David en son humanité.