1 Corinthiens 1,18 – 2,5 ou 1 Corinthiens 4,1-16

A la suite des apôtres…

Père Jacques Guillet

Genèse de la foi chez les apôtres, Christus n° 12 (1965), p. 177s

 

          La recherche la plus profonde dans les évangiles nous amène à prendre conscience que les questions posées par le Christ aux apôtres sont exactement celles qui se posent à nous, celles que l’existence nous pose, celles que le Seigneur nous pose. L’expérience des apôtres se retrouvent, identique, à tous les siècles, dans toute foi chrétienne authentique ; chaque chrétien, à son tour, est appelé à reproduire l’adhésion que les disciples de Jésus donnèrent à leur Seigneur.

          De cette adhésion, essayons d’en tracer la genèse, en donnant à ce mot un sens assez large, mais qui évoque pourtant une démarche profonde, un mouvement déterminé. Ne cherchons pas à reconstituer le cheminement suivi par la foi des apôtres, de fixer les étapes de leur itinéraire spirituel. Si nous parlons d’itinéraire ou de développement, c’est qu’il s’agit des éléments essentiels de la foi, de ceux qui se retrouvent dans toute expérience de foi authentique, et non des allures diverses, de la physionomie particulière que prend la foi selon les individus et les circonstances.

          Cette genèse est l’œuvre du Seigneur Jésus. Jésus-Christ, fait naître la foi, sa présence donne à ceux qui le rencontrent d’atteindre la foi, ou au contraire de la refuser. Rien n’est plus personnel que la foi : elle engage le fond de notre cœur, le tout de notre existence, et tout pourtant dans notre foi est l’œuvre de Jésus. Jésus-Christ fait naître, en chaque chrétien, une conscience nouvelle, non pas une conscience purifiée ou mûrie, affermie ou dépouillée, mais une conscience radicalement neuve, la conscience d’un fils de Dieu. Jésus-Christ est au cœur même de la conscience qui s’éveille à la foi : il est à la genèse de cette naissance.

          Dans cette genèse, les évangiles nous invitent à distinguer trois moments essentiels ; non pas, encore une fois, trois étapes d’un itinéraire, mais trois moments différents d’une même genèse, d’une même naissance, de la même foi. Cette foi est proposée par le Seigneur dans le discours sur la montagne, elle est vécue par les apôtres accompagnant le Christ montant à sa passion, elle est révélée à elle-même par le Seigneur ressuscité et par l’Esprit qui nous est donné à la Pentecôte. Dans l’Esprit de Jésus-Christ, alors l’homme se découvre capable de recevoir son existence du Père et de la lui rendre, de dire à Dieu le mot de l’enfant qui naît et du Fils qui meurt : Abba, Père !