Genèse 12,1-9 + 15,1-6 ou Siracide 45,1-16 ou Ephésiens 4,1-24

L’humilité dans la prière

Dom M. Mähler

Dictionnaire de Spiritualité, tome I, Article « Saint Benoît », Col. 1402s

 

          La prière, dans toute l’acceptation du terme, saint Benoît en connaît et en indique toutes les formes. Elle implique la demande instante, la supplication ardente, le recours à Dieu dans une nécessité pressante, pour obtenir une grâce, échapper à un danger, réparer une offense ; c’est l’appel lancé à Dieu par une âme consciente de ses besoins, ce Dieu viens à mon aide si cher aux anciens, et devenu depuis saint Benoît le premier mot de l’office divin. Il convient que chaque bonne action du moine, comme du chrétien, débute par une prière ardente adressée à Dieu. Il faut une prière toute pénétrée d’humilité et de pureté ; mais on doit aussi y apporter la componction. Le cœur contrit, et comme broyé par la souffrance et le regret, c’est ce que demandait David au psaume Miserere ; les larmes de la componction sont toutes analogues : ce sont celles que saint Benoît avait l’habitude de verser lorsqu’il priait, d’après saint Grégoire.

          On a remarqué très justement que, pour saint Benoît, c’est la vertu d’humilité qui règle les rapports de l’homme avec Dieu, qui commande toutes les attitudes de la créature devant son Créateur, et lui permet de s’élever graduellement jusqu’à lui par le désir intense de l’union avec son Bien suprême. C’est encore l’humilité vraie qui inspire sa prière et lui donne le ton qui convient. La comparaison qu’établit saint Benoît est saisissante, et montre l’importance qu’il attache à l’attitude qui, selon lui, est essentielle à la prière : Si nous n’osons aborder les puissants du monde et leur présenter nos requêtes qu’avec humilité et révérence, à combien plus forte raison nos suppliques au Seigneur et Maître de toutes choses doivent-elles lui être adressées en toute humilité, dévotion et pureté. L’humilité vraie et jamais affectée du moine, comme celle du chrétien convaincu, repose, suivant la doctrine, sur la conscience que l’on prend de plus en plus de la présence de Dieu. Rien comme cette conviction n’est capable de donner à la prière le sens du respect et de la déférence qu’elle doit présenter pour être agréée de Dieu. C’est l’essentiel.