Matthieu 11, 25-30

Dieu a « de multiples façons » de convertir les hommes

Saint Clément d’Alexandrie

Le Protreptique, 8, 1-4, SC 2, p. 62s

 

          Frères, courons au Sauveur, au Seigneur, qui maintenant et toujours nous a exhortés au salut, en Egypte par des prodiges et des signes, dans le désert par le Buisson ardent et la nuée dont son amour bienveillant faisait accompagner les Hébreux ; c’est par la crainte des choses qu’il stimulait les cœurs durs. Puis, c’est par le très sage Moïse, c’est par Isaïe, l’ami de la vérité, et par le chœur des prophètes qu’Il convertit l’homme au Logos, mais d’une façon qui s’adresse davantage à la raison de ceux qui ont des oreilles : tantôt il blâme, tantôt il menace ; il plaint certains hommes, pour d’autres, il chante ; il est comme un bon médecin qui, parmi les corps malades, couvre les uns d’emplâtres, racle ou baigne les autres, ouvre ceux-ci par le fer, brûle ceux-là, ampute à la scie quand il est encore possible de guérir le sujet au moins en partie ou dans un de ses membres.

          Le Seigneur, lui, n’a pas qu’une voix, ni qu’une façon de sauver les hommes ; en menaçant, il avertit, en gourmandant, il convertit, en plaignant, il fait miséricorde, en jouant de la lyre, il encourage ; il parle dans le buisson. C’est que ces gens-là avaient besoin de signes et de prodiges ! Et il effraie les hommes par le feu quand il fait jaillir les flammes de la colonne, signe tout à la fois de grâce et de crainte : si on obéit, la lumière ; si on désobéit, le feu. Et comme la chair vivante a plus de prix qu’une colonne, qu’un buisson, c’est le Seigneur qui se fait entendre, par les prophètes, par Isaïe, par Elie, et les autres, par leur bouche.

          Vous cependant, si vous ne croyez pas les prophètes, si vous prenez pour une fable et ces hommes, et ce feu : alors, c’est le Seigneur en personne qui vous parlera, Lui qui, tout en étant dans la condition de Dieu, n’a pas retenu comme une prérogative inaliénable son égalité avec Dieu, mais c’est anéanti lui-même, ce Dieu compatissant, dans son ardent désir de sauver l’homme. C’est lui-même, le Logos, qui vous parle maintenant en toute clarté, faisant rougir votre incrédulité, oui, je dis bien, le Logos de Dieu devenu homme, afin qu’à vous encore ce soit un homme qui apprenne comment un Dieu est devenu homme.