Matthieu 20, 20-28

Jacques et Jean, les fils du tonnerre

Saint Jean Chrysostome

Homélies sur saint Matthieu, Homélie 65, Tome XII, p. 527s

 

          La mère des fils de Zébédée s‘approcha de Jésus, se prosterna pour lui faire une demande. Voyant qu’elle n’osait pas lui parler, Jésus, pour la mettre à l’aise, lui demanda ce qu’elle voulait. Enhardie, elle n’hésita pas : Ordonne que, dans ton royaume, mes deux fils siègent l’un à ta droite, l’autre à ta gauche. Si Jacques et Jean mirent leur mère en avant, ce fut uniquement parce qu’ils n’étaient pas très à l’aise pour poser eux-mêmes cette question, et qu’ils pensaient que leur mère aurait plus de poids qu’eux auprès de Jésus. Jésus avait bien compris leur manigance ! C’est pourquoi il leur répond à eux directement.

          Sachons bien ce qu’ils sollicitent, quelles sont leurs intentions, qu’est-ce qui leur avait inspiré une telle question. Se voyant traités avec plus d’égard que les autres disciples, ils crurent qu’ils obtiendraient sans difficulté ce qu’ils demandaient. Les disciples croyaient que le royaume de Dieu allait sans retard être manifesté. Voilà le pourquoi de la demande de leur mère, demande qui venait bien de leur côté. Il demeure incontestable que les fils de Zébédée n’aspiraient à aucune faveur spirituelle, et qu’ils n‘avaient aucune idée du royaume céleste.

          Jésus l’a bien compris, ignore leur mère, et pose une question aux deux frères : Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Fanfarons, ne sachant pas de quoi il s’agit, les deux disciples répondent sans hésiter positivement ! Dans leur ardeur, ils s’empressent d’assurer Jésus, ignorant ce qu’ils disaient, mais comptant bien obtenir ce qu’ils demandaient. Pour leur faire comprendre qu’il n’y avait rien de spirituel dans leur demande. Jésus leur dit : Vous ne savez pas ce que vous demandez !

          En les transportant dans un ordre d’idées complètement opposé, Jésus, peu à peu, les détache de leur premier sentiment. Là où ils ne cherchaient que couronnes et places d’honneurs, Jésus leur parle de sueurs et de luttes. Le temps présent n’est pas celui des récompenses, ni celui où la gloire de Dieu doit être révélée, c’est le temps du sang répandu, des dangers, des persécutions. Et Jésus de conclure : Celui qui voudra être grand parmi vous sera votre serviteur, celui qui voudra être le premier sera le dernier de tous.