Jean 20, 24-29

« Mon Seigneur et mon Dieu »

Cardinal Carlo Maria Martini

En chemin avec Timothée, p. 33s

 

          Jésus se montre sans raideur, il ne porte pas de jugement exclusivement négatif tenant à distance Thomas. Il est en face d’un cheval devenu capricieux, qui ne sait plus garder le pas ; il le calme par un geste d’amour surprenant et des paroles à la fois adaptées et prodigieusement affectueuses. Il a raison de Thomas sur le point même où celui-ci avait exprimé des exigences spécieuses et pleines de prétention : il le calme en s’y soumettant dans sa vulnérabilité de crucifié : Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté. Vois ma faiblesse, ma souffrance, ma mort. Vois ma vie et mon amour pour toi. Thomas est toujours là où il est mauvais, mais il se sent invité à exprimer le meilleur de lui-même. Jésus l’aime dans le pire de ses moments, il nous aime alors que nous sommes en train de dresser des murs.

          Davantage, Jésus fait sourdre de Thomas, et non pas des autres, la plus profonde des invocations du Nouveau Testament : Mon Seigneur et mon Dieu. Invocation qui va au-delà des signes, prière de foi qui croit, par-delà le visible. Elle traverse la nuée pour aller plus loin encore. C’est ce qui nous rend bienheureux : car sans avoir vu, nous croyons au-delà du visible et du connaissable, nous adhérons sans réserve au mystère, accomplissant ainsi le don de nous-mêmes.

          Cherchons à prolonger l’invocation de Thomas, allant au-delà de tout, fixant notre regard et notre amour en notre Seigneur et notre Dieu. Cette prière prolongée est un mouvement intérieur profond qui tend vers Dieu seul, vers sa surabondance d’être et d’amour, vers ce Dieu en qui nous trouvons tout. En lui, tout notre mal est purifié, tout le bien est multiplié, et toutes nos amours unifiées.

          Demandons, par l’intercession de l’apôtre Thomas, la grâce de cette prière prolongée et profonde.