1 Samuel 25, 14-24+28-39

David et ses femmes

Père Jacques Briend

Figures de David à travers la Bible, XVII° congrès de l’ACFEB, p. 25-26

 

          Le long chapitre 25, dont nous venons d’entendre quelques versets, rapporte dans quelles conditions David a épousé Abigayil de Karmel. Le premier verset annonce la mort de Saül et sa sépulture à Rama. La place de ce récit est ainsi singulière, car il ne relève pas de la rivalité qui oppose Saül et David, comme le font les chapitres 24 et 26 qui l’encadrent. David apparaît comme un chef de bande qui dispose de six cents hommes. Le récit présente d’abord le couple Nabal-Abigayil ; le texte insiste sur la richesse de Nabal et sur son train de vie, proche de celui d’un roi. Après la mort de Nabal, David demande Abigayil en mariage.

          L’importance de ce mariage est soulignée : David poursuit un dessein ; il n’est plus un fuyard persécuté, ni même un chef de bande : il va gouverner un territoire étendu, proche d’Hébron. En outre, le verset 43 révèle que ce mariage n’est pas le premier et que David avait épousé auparavant Ahinoam de Yizréel. Ce sont d’ailleurs ces deux femmes qui donnent à David ses premiers fils.

          David apparaît comme un homme qui n’est pas le jouet des événements, mais quelqu’un qui poursuit un projet réfléchi, celui de s’implanter dans le territoire de Juda.

          Comme on le voit, l’organisation narrative ne dépend pas d’une succession chronologique ; on pourrait aller jusqu’à dire que toute chronologie est refusée, car elle mettrait trop en lumière le projet de David. Mais le texte pose encore une autre question : que faut-il penser du mariage de David avec Mikal, alors qu’aucune allusion n’y est faite ? Plusieurs arguments permettent de penser que le mariage de Mikal avec David n’a pas eu lieu du vivant de Saül. Ainsi dans le deuxième livre de Samuel (3,13), David demande à Abner de lui amener Mikal, fille de Saül, comme signe de l’accord conclu pour que David devienne roi sur Israël, mais sa demande ne s’appuie pas sur le mariage passé. Toute une manière de lire le texte mérité donc d’être revue !