2 Samuel 7, 1-25

Le parler doux du Seigneur

Jacques de Saroug

Le saint prophète Elie d’après les Pères de l’Eglise, p. 498s

 

          Elie entendit le son d’un parler doux, et parce qu’il était prêt, il sortit pour accueillir ce qui lui était dit. Il se voila la face comme un séraphin devant la majesté, car celui-là était aussi pur qu’un ange devant Dieu. Il n’était pas moindre que les spirituels de la maison de Gabriel, car, comme ils lui rendent hommage, il rendait lui aussi hommage en se voilant.

          Sa raison, son cœur, sa science et son amour étaient ceux d’un séraphin, et, de même que celui-ci se voile, il se voila devant Dieu. Son manteau lui tint lieu d’ailes, et il s’en enveloppa la face : autant la nature lui avait-elle donné, autant observa-t-il l’hommage. Il n’était pas moindre en intelligence que ceux de la maison de Michel, pour observer le rite qu’ils observent eux-mêmes envers la divinité. Il savait en effet que la splendeur du Seigneur éclipse le feu ; si quelqu’un le voit sans être voilé, il ne peut le supporter. Aussi s’enveloppa-t-il la face quand il sortit, et se tint debout à la porte, à l’extérieur de la grotte devant Dieu.

          Et le Seigneur commença, du son d’un parler doux, à parler avec Elie amicalement. Dans le feu, le vent et les tremblements passés, il n’avait pas parlé : le Seigneur n’était pas dans ces tapages ! Le son du parler qu’il entendait, c’est celui de la bouche à propos de laquelle il n‘est pas permis de parler. Ces paroles sont indicibles, ce sont celles-ci auxquelles Elie fut initié, à la même hauteur que Paul. Et il entendit là-bas le son d’un parler doux ; et quel était ce parler ? Â personne il n’est permis de le dire. Elles sont indicibles, ces paroles qui eurent lieu là-bas : c’est pour cela qu’elles ne sont pas des paroles, mais d’un parler.

          Comme la révélation du grand Paul, ce qui se fit jour pour Elie, et parce qu’il était instruit, il resta en vie en ce qu’il se voila. L’apôtre était monté au troisième degré en spiritualité, et il était bien parvenu à entendre des paroles indicibles. Et ce prophète, c’est au troisième échelon de cette révélation qu’il fut élevé, et il entendit un parler doux. Vent, tremblement et feu, il les avait passés, et il était bien arrivé près de ce parler dont les paroles nous sont cachées.