1 Samuel 21, 1-10

L’arrêt de David à Nob

Père P. Renard

Dictionnaire de la Bible, Article Ahimélek, tome I, colonnes 141-142

 

          Ahimélek, prêtre de Dieu, résidait à Nob, où se trouvait l’Arche sainte depuis son retour du pays des Philistins, Peut-être Saül avait-il installé le tabernacle en ce lieu pour posséder dans sa tribu le centre religieux d’Israël. Un jour, Ahimélek  vit venir à lui David abattu, sans armes, sans escortes, ce qui lui cause une profonde surprise. David lui dit qu’il avait été chargé d’une mission par le roi, et lui demanda à manger ; il avait faim, ainsi que ceux de sa suite. L’embarras d’Ahimélek fut grand, car il n’avait à sa disposition que des douze pains de proposition déposés dans le Saint pendant une semaine, et tout récemment retirés pour être remplacés, selon la Loi, par des pains nouveaux. Donner de ces pains au fugitif semblait illicite à cause de la disposition spéciale de la Loi qui ne permettait qu’aux enfants d’Israël ne s’en nourrir. Valait-il mieux observer rigoureusement la lettre de la Loi en violant le précepte plus grave encore de la charité, surtout dans une extrême nécessité ? Ahimélek, après s’être assuré que David et les siens n’avaient point d’impureté légale, leur donna les pains de proposition.

          Notre Seigneur a justifié la conduite de David en la prenant pour base de sa propre justification, en face de ceux qui lui reprochaient de violer le sabbat, ayant laissé ses disciples manger des épis de blé un jour de sabbat. Dans son raisonnement, Jésus, après une argumentation rabbinique, il sait à qui il s’adresse, compare le geste de ses disciples à celui de David mangeant les pains consacrés ; certes il n’est pas question du sabbat pour David, mais bien d’une profanation non-coupable, d’après le livre du Lévitique (24,8-9).

          Pour en revenir à la conduite d’Ahimélek donnant à David les pains sacrés, il faut remarquer qu’il n’en privait pas le sanctuaire, puisque ces pains étaient ceux qu’on venait d’enlever. Il n’y avait de transgression que sur le précepte relatif à la manducation par les prêtres ; or il existait dans l’espèce une raison plus que suffisante pour se dispenser de la Loi. Ahimélek, les prêtres du Seigneur et tous les habitants de Nob, devront payer de leur vie le service rendu à David : Saül les fit tous passer au fil de l’épée !