2 Samuel 6, 1-23

L’Arche

Père P. van Imschoot

Théologie de l’Ancien Testament, tome II, p. 122s

 

          L’arche était, comme son nom l’indique, une caisse oblongue recouverte d’un couvercle, le propitiatoire, surmonté de deux chérubins.

          La plus ancienne trace littéraire qui mentionne l’arche est un vieux chant que l’on trouve dans le livre des Nombres (10,35s), inséré dans un passage où l’arche joue le rôle de guide dans le désert : Lorsque l’arche se mettait en marche, Moïse disait : « Lève-toi, Seigneur, afin que tes ennemis se dispersent et que fuient devant ta face ceux qui te haïssent ». Tel qu’il est, ce texte unit étroitement l’arche à Dieu lui-même et les mouvements de Dieu à ceux de l’arche ; quand l’arche, soulevée par les prêtres, se met en marche, l’on prie Dieu de se lever et de marcher contre ses ennemis, qui sont aussi ceux de son peuple ; quand l’arche s’arrête, on lui demande de revenir vers son peuple, comme un guerrier après le combat. D’après ce texte, il y a une union très intime entre l’arche et Dieu, sans qu’il y ait pourtant identification, puisque Dieu est invité à se lever pour le combat et à s’y rasseoir, ou à y revenir ensuite. L’arche n’est que le trône de Dieu qui y siège, invisible, sur les ailes des chérubins.

          Parce que Dieu est censé être assis sur l’arche, l’on dit qu’il entre dans le camp des Hébreux quand l’arche y pénètre, que David dansait devant Dieu quand l’arche est transportée à Jérusalem, que David voulait bâtir une maison à Dieu lorsqu’il songeait à en construire une pour l’arche. Pour s’assurer la protection divine, on portait l’arche parmi les troupes en campagne, et, lorsqu’après une victoire l’arche était rapportée en triomphe à Jérusalem, on acclamait le Dieu des armées, le Roi glorieux, le héros de la guerre revenant dans sa capitale.

          L’on a objecté qu’un coffre n’est pas un trône, mais une caisse destinée à contenir un objet. C’est vrai d’ordinaire. Mais un coffre surmonté de chérubins servant de siège peut être tenu pour un trône. C’est ce que signifie le texte du livre des Nombres (10,35s), puisque Dieu est invité à se lever, c’est qu’on le suppose assis sur l’arche.