1 Samuel 28, 3-25

« Si tu veux entrer dans la vie… »

Saint Bonaventure

Les Dix Commandements, p. 39s

 

          Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Ces paroles sont les paroles de notre Sauveur, dans lesquelles nous est expliqué l’intégralité de notre salut sous un double rapport : premièrement la récompense de la rétribution éternelle quand il dit : Si tu veux entrer dans la vie, deuxièmement le mérite de l’action humaine quand il dit : Observe les commandements. Il y a là un ordre droit, car la fin meut l’agent afin qu’il tende à la fin qui est due ; le Seigneur présente d’abord le motif et il ajoute ensuite l’acte par lequel nous pouvons arriver à la fin qui est due.

          Il faut remarquer qu’il y a quatre motifs qui nous portent à observer les commandements de Dieu : le premier est l’autorité ou dignité de celui qui commande ; le deuxième est l’utilité de l’observation ; le troisième est le danger de la transgression ; le quatrième est le caractère irréprochable des commandements. Il est manifeste que, pour observer les commandements de Dieu, c’est d’abord l’autorité de celui qui commande qui doit nous déterminer.

          Mais d’abord, quel est le premier et le plus grand commandement de la Loi ? Le Seigneur répond dans l’évangile de Matthieu : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Augustin montre dans cette parole : Pour moi, m’attacher à Dieu est mon bien, est contenu tout ce qui est dit dans la citation de Matthieu, puisque nous devons aimer Dieu parce que cela est juste, saint, facile, et suave. C’est pourquoi Augustin s’écrie : Seigneur, qu’es-tu pour moi ? Et moi, qui suis-je pour toi, pour m’ordonner de t’aimer, et, si je ne t’aime pas, pour me menacer de grandes misères ?

          Pour le reste, le Décalogue montre comment nous devons garder les commandements de Dieu. Le Seigneur a voulu que ces dix commandements soient donnés à Moïse. Toute loi ne commande pas autre chose que la justice, car la loi est la règle de la justice. Or la justice est la vertu selon laquelle l’homme est ordonné à Dieu et au prochain. Il y a ainsi une double justice : l’une par laquelle nous sommes ordonnés à Dieu, l’autre par laquelle nous sommes ordonnés au prochain.