2 Rois 4,38-44 + 6,1-7
Elisée, le thaumaturge
Père Jean Steinmann
Le prophétisme biblique des origines à Osée, p. 131s
Le prophète Elisée est un des plus grands thaumaturges de l’Ancien Testament. A peu près tous les épisodes de sa geste narrent des miracles. Elie lui-même est dépassé, Moïse seul soutient la comparaison avec Elisée.
Pour l’essentiel, les miracles d’Elisée reproduisent ceux de Moïse ; on a maintes fois remarqué l’étrange parallélisme entre les récits des miracles d’Elisée et ceux des miracles d’Elie. Il arrive même que les détails soient identiques, en particulier dans les deux récits de la résurrection d’enfant. L’histoire de Naaman et de la Shunamite sont les égales des plus grandes pages de prose narrative de l’Ancien Testament : il s’agit de productions conscientes d’un grand artiste, maître de ses intentions et de son style ; on ne saurait mettre en doute un témoignage aussi formel. Tout autres sont les courtes péricopes où l’on est en droit d’y voir des récits anonymes : l’histoire de la hache perdue et retrouvée s’apparente à ce merveilleux qui enchantait les hagiographes monastiques du Moyen Âge, histoire qui se lit déjà dans les Dialogues de saint Grégoire le Grand.
Dans les gestes d’Elie et d’Elisée, le miraculeux éclate avec beaucoup d’insistance pour qu’on s’en débarrasse en parlant de légendes. Il est un fait indubitable : les communautés juives du VIII° siècle avant notre ère croyaient qu’Elie et Elisée avaient bénéficié de pouvoirs miraculeux. Il n’y a aucune raison critique susceptible de mettre de pouvoir en doute.
En somme, plus brutalement encore que pour les prophètes écrivains, se pose, au sujet d’Elie et de d’Elisée, la question du surnaturel et du miracle. Et l’historien qui a la foi n’hésite pas, et même le critique qui n’oserait pas affirmer le miracle se devrait de ne pas trancher la question.
La Bible entière est un miracle assez grand pour qu’on admette la véracité de tel acte merveilleux qui s’y trouve rapporté dans un contexte historique solide.