Matthieu 15, 21-28

La Cananéenne et sa fille

Origène

Commentaire sur l’évangile selon Matthieu, SC 162, p. 363s

         

          Une Cananéenne vint se prosterner devant Jésus en tant que Dieu et dit : Aie pitié de moi, fils de David, ma fille est fort malmenée par un démon. Jésus ne lui donnant aucune réponse, ses disciples le sollicitent à leur tour. Et Jésus de répondre : Il n’est pas permis de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.

           De par ses origines, la Cananéenne ne méritait même pas une réponse de la part de Jésus qui confesse que son Père ne l’a envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Mais en raison de son libre arbitre, et parce qu’elle s’est prosternée devant lui, Jésus, Fils de Dieu, elle obtient une réponse qui lui révèle sa naissance indigne et lui montre ce qu’elle vaut, car elle ne méritait que des miettes, comme un petit chien, et non des pains. Mais, quand elle tend sa libre volonté et accepte la parole de Jésus, qu’elle réclame d’avoir droit au moins aux miettes, comme un petit chien, car elle reconnaît comme ses maîtres ceux qui lui sont supérieurs, elle obtient alors une deuxième réponse qui rend témoignage à la grandeur de sa foi, et lui promet l’accomplissement de ce qu’elle veut.

          Cette Cananéenne, venant des territoires de Tyr et de Sidon, s’est approchée du Sauveur et le supplie. Le Seigneur, dans sa réponse, s’adresse à la fois à ceux du dehors comme à ceux du dedans, les disciples. Il répond : J’ai été envoyé… La tâche principale du Sauveur est de sauver les âmes les plus pénétrantes celles qui se trouvent dans une plus grande familiarité avec lui que celles dont la vue est plus faible. Excepté le reste selon l’élection de la Grâce, bien des brebis de la maison d’Israël ont refusé de croire au Logos ; alors le Sauveur a choisi pour cette raison ce qu’il y a de fou dans le monde, les gens étrangers à Israël, les non-clairvoyants pour confondre les sages d’Israël, leur livrant ce qui leur était accessible, la folie du message, et consentant à sauver ceux qui y croiraient, afin de confondre ce qui est, se ménageant la louange sur les lèvres des enfants et des nourrissons, puisque les autres sont devenus ennemis de la vérité.