1 Rois 21, 1-21+27-29
La question de la responsabilité
Saint Jean Chrysostome
Homélie XXV sur la lettre de Paul aux Romains, OC 16, p. 221s
Frères, ne scindez pas l’Eglise en rejetant la grâce, en revenant à la loi ; ce n’est pas de la loi que vous êtes le justiciable, c’est du Christ, ainsi que le genre humain tout entier. Remarquez de quelle manière le Seigneur dissipe les terreurs de la loi ! Ne voulant pas laisser croire qu’il parle ainsi dans l’intention préconçue d’inspirer la crainte, et montrant qu’il s’y trouve entraîné par la suite des idées, il insiste sur le même sujet en ces termes : Ne nous jugeons pas les uns les autres, mais jugez plutôt que vous ne devez donner à votre frère aucune occasion d’achoppement ou de scandale. Une telle leçon s’applique à tous : au parfait que scandalise l’observance légale, à celui que, loin d’être parfait, révolte une trop sévère correction.
Non, ne croyons pas, si nous trouvons des gens pour partager nos fautes, que nous aurons une excuse : c’est même pour nous un surcroît de châtiment, puisqu’aussi bien le serpent a été puni plus que la femme, de même que la femme l’a été plus que l’homme, et que Jézabel a été condamnée plus durement qu’Achab qui avait pris la vigne de Naboth : Les chiens dévoreront Jézabel dans le champ de Yizréel, fulminera le prophète Elie. C’est bien Jézabel, qui avait entièrement ourdi la chose, et qui avait poussé le roi à la faute !
Toi aussi, lorsque tu deviens une cause de perdition pour les autres, tu subiras un sort plus sévère que ceux qui auront trébuché à cause de toi. Car commettre une faute ne cause pas tant la perdition que d’y plonger les autres. De là cette parole de l’apôtre : Non seulement ils commettent de telles actions, mais encore ils donnent leur assentiment à ceux qui les commettent. Lors donc que nous voyons quelqu’un pécher, bien loin de le pousser à l’abîme, efforçons-nous de l’en retirer, de peur que la perte d’autrui ne nous soit imputable : souvenons-nous sans cesse du tribunal divin.