1 Rois 12, 1-19

Malheur à la ville dont le prince est un enfant

Saint Basile de Césarée

Commentaire du prophète Isaïe, chapitre 3, n° 106-108

         

          En ce qui concerne la vie des hommes, il y a grande utilité et grand avantage à prendre conseil, puisque absolument personne n’a de compétence en tout. L’homme qui ne prend conseil de personne n’a de compétences suffisantes en tout ; l’homme qui ne prend conseil de personne est un navire sans pilote, dérivant à l’aventure, livré à l’impétuosité des vents. Assurément celui qui se laisse emporter par la volonté de son propre cœur vaniteux, alors qu’il a sous la main un bon conseil, ressemble à Roboam qui méprise l’avis salutaire des anciens pour suivre les jeunes gens qui avaient été élevés avec lui : par leur faute, il perdit le royaume sur dix tribus.

          Ils firent aussi l’expérience du pire des châtiments : une cité gouvernée et administrée par des jeunes gens ! L’adolescence est légère et encline aux débordements : désirs fougueux, colères brutales, emportements, insolences, arrogance et orgueil, toutes passions nourries avec la jeunesse ; simultanément, haine pour qui est supérieur et soupçon envers les inférieurs. Un essaim de malheurs sans borne accompagne la jeunesse et il est inévitable que les subordonnés de ces jeunes princes sont une calamité pour leurs sujets.

          Ce qui est bon, l’Ecriture l’exprime au singulier : un vaillant, un homme d’armes, un juge, un prophète, un devin, un capitaine, un conseiller admirable, un ingénieur habile ; au contraire, les malheurs dont elle menace, sont au pluriel et ne cessent de se multiplier : Comme princes, ils auront des jouvenceaux et des bouffons domineront sur eux, dit le prophète Isaïe (3,4).

          Le prophète ne dénonce pas ici la jeunesse en elle-même, mais le fait de se comporter en gamin et de vivre en prenant ses passions pour règle. Tel était Roboam, dont l’Ecriture affirme : Roboam était un jeune homme de caractère peureux (2 Chroniques 13,7). C’est pourquoi l’Ecclésiaste (10,16) déclare : Malheur à toi, ville dont le roi est un tout jeune homme et dont les princes mangent dès le matin ! Celui dont l’Ecriture appelle jeune ici, ce n’est pas celui à qui l’âge fait défaut, mais celui dont le caractère reste immature. Que l’âge ne soit pas un obstacle pour qui veut vivre selon la vertu, le Seigneur le montre quand il répond à Jérémie : Ne dis pas : Je suis trop jeune (1,7). Il ne conteste pas que le prophète soit un tout jeune homme, mais il affirme que sa jeunesse n’est pas un obstacle à cause de la maturité de son caractère.