Ephésiens 5, 22-33

Le Christ a aimé l’Eglise

Méthode d’Olympe

Le banquet, SC 95, p. 106s

 

                Voici bien dégagée, dans la lettre aux Ephésiens, par des arguments substantiels tirés de l’Ecriture, la possibilité de comparer sans impropriété le premier homme au Christ lui-même : il n’est plus seulement la figure, la ressemblance et l’image du Fils unique, mais il est devenu la Sagesse elle-même et le Verbe. L’homme, imbibé pour ainsi dire de la Sagesse et de la Vie, est devenu littéralement cette pure Lumière qui l’a transverbéré. De là vient que l’apôtre a fait ricocher tout droit jusqu’au Christ ce qui était dit d’Adam. On peut certainement accorder que l’Eglise est née de la chair et des os du Christ : n’est-ce pas pour l’amour d’elle qu’il a quitté son Père des cieux, qu’il est descendu ici-bas pour être uni à son Epouse, qu’il s’est endormi dans cette « extase » que fut sa Passion, mourant volontairement pour elle, afin de s’acquérir l’Eglise glorieuse et sans tache, lavée au bain purificateur, prête à recevoir la bienheureuse semence spirituelle qu’il sème Lui-même en la faisant tinter doucement, comme un écho secret, dans les profondeurs de l’esprit et germer. Et l’Eglise, comme une épouse, la reçoit en son sein et en son sein elle forme la Vertu, pour l’enfanter et la nourrir.

                Par là, s’accomplit dûment le Croissez et multipliez-vous : car l’Eglise grandit chaque jour en ampleur, en beauté, en nombre, grâce aux embrassements et aux étreintes du Verbe qui descend sur nous aujourd’hui encore, et renouvelle son « extase » dans la commémoration que l’Eglise fait de sa Passion : l’Eglise ne pourrait, autrement, recevoir le germe, ni assurer par le bain de la régénération la nouvelle naissance des croyants, si pour eux aussi le Christ se vidant de soi-même pour se rendre saisissable dans la récapitulation de sa Passion, ne mourait à nouveau, descendu des cieux pour étreindre l’Eglise son épouse, offrant son côté pour qu’en soit tiré un pouvoir capable de faire croître tous ceux qui ont en lui leur fondement, ceux qui, grâce au baptême, ont pris naissance par prélèvement de ses os et de sa chair, c’est-à-dire de sa sainteté et de sa gloire.