2 Rois 4, 8-37

Elisée et le fils de la Shunamite, le Christ et l’Eglise

Saint Césaire d’Arles

Sermon 128, Le saint prophète Elisée, Bellefontaine, n° 59, p. 150s

         

          Elisée, passant par Shunam, fut hébergé par une dame de qualité. Cette femme était stérile, mais à la prière d’Elisée elle enfanta un fils. Ainsi l’Eglise aussi était stérile avant la venue du Christ ; comme cette femme, à la prière d’Elisée, eut un fils, de même l’Eglise, lorsque le Christ fut venu à elle, engendra le peuple chrétien. Mais le fils de cette femme mourut en l’absence d’Elisée ; ainsi le fils de l’Eglise, c’est-à-dire le peuple des Gentils, avant la venue du Christ, était mort du fait de ses péchés. En descendant de la montagne, Elisée rendit à la vie le fils de cette femme ; en descendant du ciel, le Christ redonna la vie au fils de l’Eglise, c’est-à-dire au peuple des Gentils.

          En effet, après la mort de son fils, cette femme alla se jeter aux pieds du saint prophète ; mais le bienheureux Elisée donna son bâton à son serviteur et lui dit : Va et mets mon bâton sur la face de l’enfant. Le serviteur partit et mit le bâton sur la face de l’enfant, l’enfant ne se leva pas. Ce serviteur était la figure du bienheureux Moïse : Dieu, en effet, l’envoya en Egypte, mais ne put ni libérer, ni ressusciter l’homme du péché originel et actuel. Rien, en effet au dire de l’apôtre, n’a été amené à la perfection de la Loi. Il était nécessaire que celui qui avait envoyé le bâton vînt en personne : le bâton sans Elisée était impuissant, parce que la croix sans le Christ ne pouvait rien.

          Elisée est donc venu, il est monté dans la chambre, parce que le Christ devait venir et monter sur le gibet de la croix. Elisée s’est incliné pour ressusciter l’enfant ; le Christ s’est abaissé pour relever le monde qui gisait dans le péché. Elisée plaça œil sur œil, bouche sur bouche, mains sur mains. Voyez, frères, combien cet homme d’âge mûr se rapetissa pour s’adapter à l’enfant qui gisait mort ; car, ce qu’Elisée sur l’enfant a préfiguré, cela même le Christ l’accompli pour tout le genre humain.

          Frères, rendons grâce au Rédempteur qui, sans aucun mérite antécédent de notre part, nous a relevés, et non seulement nous a arrachés à la mort éternelle, mais encore, si nous agissons bien avec l’aide de sa grâce, nous a promis les récompenses éternelles. Que daigne nous l’accorder celui qui, avec le Père et l’Esprit Saint, vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.