Ephésiens 3, 14-21

Prière de Paul

Chantal Reynier

Evangile et Mystère, p. 256s

         

          Dans ce passage à caractère dogmatique que nous venons d’entendre, le style est essentiellement apocalyptique et sapientiel en ce sens qu’il explicite la révélation d’un mystère inclus depuis toujours dans le dessein de Dieu. Sa structure est une structure de dévoilement grâce aux procédures utilisées : annonce des thèmes-développement, parallélisme alterné et schéma de révélation redoublés. De plus, en empruntant le concept de mystère aux écrits pauliniens et par là au prophète Daniel, l’auteur souligne l’aspect imprévisible de l’évangile qui consiste dans l’intégration des nations à l’Eglise au même titre que les Juifs. Le terme mystère reçoit dans cette péricope un contenu élargi au point de désigner l’Evangile lui-même. Les deux parties de la péricope ont pour but de présenter le contenu du mystère et de montrer que ce mystère, si déroutant soit-il, appartient au dessein de Dieu. Ce dessein est tellement surabondant et riche qu’il ne peut être décrit qu’en termes sapientiels.

          La péricope donne un nom à la réalité précédemment décrite, laquelle est la conceptualisation de ce qui a été présenté juste avant : une réflexion sur une réalité donnée qui ne pouvait être nommée jusque-là. L’unité textuelle est, de ce fait, une conséquence de ce qui précède. En effet, les premiers versets du chapitre 2 forment un tout à la fois sur le plan thématique et sur le plan de l’argumentation puisque, selon l’auteur, les faits qui viennent d’être présentés ont un nom : le mystère. Il conceptualise la réalité qu’il a décrite à l’aise des thématiques de l’intégration et de la corporéité. Cependant, les affirmations sur le contenu du mystère exigent une justification en raison de leur nouveauté. En arrière-fond du texte, on perçoit comment un terme emprunté à l’Ecriture peut justifier une réalité qui n’est pas annoncée par l’Ecriture. L’Ecriture conserve son rôle fondateur dans le sens où elle affirme que tout n’est pas contenu en elle. De plus, la notion de mémoire évoquée par le rappel de l’autorité apostolique est utilisée pour appui de l’argumentation. On voit comment ce texte qui n’appartient ni au genre apocalyptique, ni au genre testamentaire, emprunte à ces deux genres des éléments susceptibles d’étayer sa réflexion.