Ephésiens 6, 10-24

« Prenez sur vous l’armure de Dieu »

Père Christophe de Dreuille

Bible Chrétienne, tome IV*, p. 129s

 

                Dans cet ultime exposé, ce n’est pas seulement le combat spirituel qui est ici présenté, mais notre capacité à le mener et à le remporter. Puisque ce n’est pas contre la chair et le sang que nous luttons, nos simples forces et notre propre volonté ne suffisent pas ; nous ne pourrons résister, tenir dans la lutte et obtenir la victoire qu’avec les armes de dieu et qu’en mettant notre confiance en lui. Nous sommes donc invités à revêtir non pas seulement le vêtement nouveau  des noces, mais aussi celui de la lutte qui nous fera participer à la victoire de la charité divine contre le mal.

                   Dans ce combat, notre attitude est celle du Ressuscité qui nous permet de tenir debout. Le thème de l’armure de Dieu se déploie par le détail des diverses pièces, la ceinture, la cuirasse, les chaussures, le bouclier, le casque et le glaive, auxquels l’apôtre associe les éléments caractéristiques de la vie chrétienne, que nous avons déjà rencontrés à propos des relations nouvelles dans l’Eglise, et qui, maintenant, nous permettent de tenir bon dans le combat : la vérité, la justice, l’annonce de l’Evangile, la foi, le salut reçu, le don de l’Esprit et celui de la parole de Dieu. Pour remporter la victoire, nous n’avons pas besoin d’utiliser d’autres armes que celles que nous avons déjà reçues du Christ au baptême. C’est donc en vivant pleinement notre vie nouvelle de chrétiens que nous sommes revêtus de cette armure.

                   Ce thème des éléments de l’armure, appliqué aux moyens à mettre en œuvre pour la victoire, saint Paul le puise dans plusieurs textes de l’Ancien testament, dont il s’inspire avec une certaine liberté. Cependant, un glissement particulièrement intéressant s’opère sous la plume de l’apôtre. En effet, en Sagesse 5 et en Isaïe 59, c’est Dieu lui-même qui revêtait ainsi l’armure pour accomplir son œuvre de salut. En Isaïe 11, il était question de l’équipement du Messie. On pourrait donc, dans ces versets, s’attendre à voir le Christ lui-même être revêtu de cette armure ; or, il est directement ici question des chrétiens. Désormais, puisque le Christ a remporté la victoire, c’est en nous et par nous, qui formons son Corps, que cette victoire peut être manifestée, à chaque époque de l’histoire de l’Eglise, au cœur de tous les combats dans lesquels les croyants sont engagés.

                   La grâce du baptême ne nous évitera donc jamais les combats contre le mal, mais elle nous donne les moyens d’être forts et inébranlables ; elle ne nous épargne aucune lutte, mais elle nous permet d’en être victorieux. C’est cela la véritable signification du combat spirituel.