2 Rois 14, 1-27

Le roi Amasias

Père P. Renard

Dictionnaire de la Bible, tome I-A, colonnes 445s

 

                 Les quinze années qu’Amasias régna après la mort de son père Joas furent sans gloire. Soit découragement, soit sentiment de réelle impuissance, il ne fit rien pour rendre à ses états leur ancienne prospérité. C’est alors que s’éleva contre lui une conjuration dont le texte ne désigne si le motif, ni les auteurs. En réalité, ce fut un châtiment providentiel de son mépris pour Dieu et de son idolâtrie. Ce n’était d’ailleurs pas une révolution politique, mais un ressentiment tout personnel, puisque les conjurés lui donnèrent comme successeur son propre fils. Amasias n’osa tenir tête à l’émeute, sentant sans doute combien peu il avait les sympathies de son peuple, chez lequel subsistait le mécontentement d’avoir été entraîné dans l’entreprise aventureuse contre Israël, d’avoir vu la cité sainte démantelée et les principaux citoyens pris en otages. Le roi se réfugia à Lachis où il fut bientôt rejoint par les conjurés et mis à mort. Il était âgé de cinquante-quatre ans.

                De splendides funérailles lui furent faites ; son corps porté sur des chevaux à Jérusalem, fut déposé solennellement dans le tombeau de ses pères. Amasias avait régné vingt-neuf ans, durant lesquels son caractère s’était manifesté par les plus étranges contrastes, à tel point que l’Ecriture Sainte peut successivement le louer comme un roi craignant Dieu, et le condamner comme un impie. Tel il fut, en effet, tantôt fidèle au Seigneur jusqu’à l’héroïsme, comme lorsqu’il renvoya son armée de mercenaires, tantôt infidèle jusqu’à adorer les dieux des vaincus. Parfois prudent, modéré dans sa vengeance, habile organisateur, et parfois mesquin, présomptueux, violent, et cruel. Son règne a donc un double aspect, glorieux et ignominieux. Comment Amasias passa-t-il de l’un à l’autre ? Par l’orgueil que lui donnèrent ses premiers succès. Il faut noter, dans le récit de son règne, l’allusion à la Loi mosaïque, qui est une preuve de l’existence du Deutéronome, et par conséquent du Pentateuque au temps d’Amasias.