Genèse 3, 9-20

La lumière du oui

Adrienne von Speyr

La Servante du Seigneur, p. 9s

 

                Pareille en une gerbe liée en son milieu, gerbe qui se déploie à ses extrémités, la vie de Marie se résume en son oui. A partir de lui, sa vie reçoit son sens et sa figure, elle se déploie en arrière et en avant, et confère à chaque situation son sens plénier. Déjà l’enfance de Marie, la Mère de Dieu, s’éclaire à la lumière de son oui. L’enfance est toujours un recueillement préparant l’engagement décisif de plus tard, et celui-ci, chez Marie, ne sera rien de plus que ce oui qui détermine tout. C’est donc à partir de lui qu’il faut considérer son enfance pour la comprendre. Son sens, c’est de la préparer à la tâche pour laquelle elle fut choisie de tout temps et si totalement qu’au moment de sa conception elle fut séparée du péché originel, donc de tout ce qui aurait pu en elle affaiblir la force et la perfection du oui intérieur ou lui porter préjudice. Si grandes sont la force et la liberté de son consentement, qu’il n’y a pas en elle la plus légère tendance à dire non et s’il en est ainsi, c’est que son oui est préformé et enraciné en elle dès le premier instant de son existence. Ainsi, dans son existence, son oui est en même temps cause et effet ; dans sa vie, il ne figure pas comme un acte isolé : c’est au contraire en vue de cet acte qu’elle fut appelée par Dieu à l’existence et que chacun de ses privilèges lui a été accordé. Elle ne grandit que pour prononcer ce mot, et pourtant elle vit déjà entièrement de sa force.

                   Son oui est avant tout une grâce. Il n’est pas simplement sa réponse humaine à l’offre de Dieu ; c’est, à ce point de vue, une grâce qu’il est en même temps la réponse divine à toute sa vie. C’est dans son âme la réponse de la grâce à la grâce déposée dans sa vie dès l’origine. Mais c’est tout autant la réponse, attendue de la grâce, que Marie donne en prêtant l’oreille à l’appel de Dieu ; et, pour elle, prêter l’oreille, signifie se mettre à la disposition de cet appel dans l’abandon de soi. C’est s’abandonner de toute sa force et de tout son pouvoir, et donc s’abandonner dans la fermeté et la faiblesse à la fois : la fermeté de celle qui est prête à accueillir toute disposition de Dieu, et la faiblesse de celle dont on a déjà disposé, qui est assez faible pour reconnaître la puissance de celui qui l’interpelle et pourtant assez forte pour lui offrir sans réserve sa propre vie.

                   En tant que parole de grâce, son oui est éminemment un acte de l’Esprit-Saint : c’est sous son opération qu’elle remet à Dieu son esprit et son corps. L’Esprit qui la couvrira de son ombre est déjà en elle, et c’est lui qui lui permet de prononcer ce oui en union avec lui.