Isaïe 9,7 – 10,4

La vengeance divine

Père Paul Auvray

 Isaïe 1-39, p. 127

 

              Dans le long poème entendu, tout à l’heure, comporte toute une série de nouveaux oracles. Son unité se trouve soulignée par le retour d’un même refrain, à résonnance pessimiste, affirmant que l’épreuve n’est pas terminée. En effet, à quatre reprises dans ces quelques versets, un refrain terrible déclare la colère de Dieu qui ne parvient pas à produire la conversion, et qui, donc, va se prolonger : Mais sa colère n’est pas calmée, sa main reste levée. Cette main tendue laisse sans doute encore un temps de répit, mais elle est l’annonciatrice de jugements plus grands ; une invitation à la repentance n’apparaît à aucun moment dans ce passage, et la marche de l’histoire vers la catastrophe semble irréversible. L’épreuve est loin d’être terminée ! Dieu va laisser flamber le peuple impie qui vit dans l’arrogance et l’injustice.

              Le point de départ, c’est la parole de Dieu, qui à la fois annonce et réalise, car le mot parole en hébreu est aussi événement, chose. Cette parole, venue de Dieu par l’intermédiaire du prophète, est tombée sur Israël.

              Ce peuple, Ephraïm-Samarie, voit cette parole se réaliser, mais au lieu de se soumettre et de se convertir, il se révolte. Les rebelles répliquent des paroles de surenchère admirablement frappée. Non seulement, disent-ils, ils relèveront ce qui est détruit, mais ils feront mieux : pierres au lieu de briques, cèdres au milieu de sycomores. Alors, Dieu envoie de plus grands châtiments : le roi d’Aram, envoyé par Dieu, ce qui s’est déjà produit, envahit le pays, le dévore à pleine dents ; c’est le fait non seulement d’Aram à l’est, mais aussi le fait des Philistins à l’ouest. Tous châtient Israël. Mais le refrain, inséré ici pour la première fois, annonce que Dieu ne va pas s’en tenir là.

              Les autres strophes, scandées par ce refrain, vont décrire l’anarchie intérieure, ceux qui devraient guider le peuple l’égarent ; du coup la strophe suivante va décrire la méchanceté généralisée comme un feu qui s’étend partout et dévore tout, tel un incendie de forêts ; enfin la dernière strophe se présente comme une malédiction pour les juges et les fonctionnaires injustes. Alors est annoncée la visite de Dieu, c’est-à-dire son intervention punitive : elle viendra de loin, elle sera terrible sans que personne puisse y échapper. Voilà bien une des œuvres les plus sévères sorties de la plume d’Isaïe, une sorte de grave méditation sur les événements contemporains.