Isaïe 5, 8-13+17-24

Les malédictions

Père Paul Auvray

Isaïe 1-39, p. 78s

 

              Le passage du texte d’Isaïe que nous venons d’entendre comporte une série de 6 malédictions lesquelles semblent faire un unique poème. Contentons-nous de regarder les trois dernières, la quatrième, la cinquième et la sixième. La quatrième et la cinquième sont très brèves et présentent un texte clair. La quatrième vise ceux qui contredisent l’ordre moral, lesquels créent une véritable subversion en refusant les vraies valeurs ; la cinquième s’adresse à ceux qui sont satisfaits d’eux-mêmes alors que Dieu n’est pas satisfait. Ces deux malédictions sont donc tout à fait parallèles : ce sont les mêmes hommes qui se justifient à leurs propres yeux en déclarant bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien.

                  Avec la sixième malédiction, on retrouve un long développement. Elle est double, d’abord les ivrognes, les héros pour boire du vin ! Ensuite, et c’est tout autre chose, les juges iniques qui, contre pot-de-vin acquittent un coupable et condamnent le juste. Ceci est nouveau. Et la suite, punition et motivation, correspond bien à cette malédiction. Le châtiment, introduit par un, c’est pourquoi, est tout en image. Il s’agit de destruction (pourriture et dispersion dans les airs) de tout ce qui fait la réalité d’une race (comme d’un arbre : racines et bourgeons). La destruction est soudaine, comme une paille qui s’enflamme. Introduite par un parce que, cette destruction est motivée d’une façon assez générale, afin de souligner la gravité de la faute qui est un véritable mépris de la parole de Dieu ; la Loi, mentionnée ici, est un parallèle strict du mot parole.

              Le dernier, c’est pourquoi, plus solennel que les autres, paraît amener à une conclusion générale. A la suite de ces six malédictions se trouve mentionnée la colère de Dieu et son intervention prochaine qui va éclater en théophanie (les montagnes qui tremblent) et en carnages (des cadavres au milieu des rues).