Osée 1,1-9 + 3,1-5

La prière selon saint Jean Chrysostome

Père Antoine Wenger

Dictionnaire de Spiritualité, tome VIII, colonnes 339s

 

                La place que Jean Chrysostome fait à la prière dans la vie spirituelle montre l’importance qu’il donne à la grâce : Rien ne vaut la prière, elle rend possible ce qui est impossible, facile ce qui est difficile. Il est impossible que l’homme qui prie puisse pécher. La prière doit être pour ainsi dire l’état permanent du chrétien. Jean cherche à concilier : Ne priez pas avec beaucoup de mots (Matthieu 6,7) et Priez sans cesse (1 Thessaloniciens 5,17). Il pense que la prière continue doit être non pas prolongée en formules, mais profonde en intensité, dans la sobriété de l’Esprit : C’est cela surtout la prière, lorsque les cris s’élèvent de l’intime du cœur, non par le son de la voix, mais avec la ferveur de l’esprit. La prière est le port dans la tempête, l’ancre des naufragés, le bâton de ceux qui titubent, le trésor des pauvres, le refuge dans les maux, la source d’ardeur, la cause de joie, la mère de philosophie.

                   La prière est aussi illumination directe de Dieu. En effet, si l’enseignement doit toujours se prolonger dans la prière, celle-ci peut se passer de l’enseignement : Si tu t’accoutumes à prier avec ferveur, tu n’auras pas besoin d’être instruit, car Dieu lui-même éclairera ton esprit sans intermédiaire. Cette école directe de Dieu nous révèle quelque chose de l’expérience mystique de Jean, habituellement très sobre sur ce sujet.

                   Sobriété et vigilance sont les conditions de l’union à Dieu : Celui qui jeûne spirituellement, qui veille et qui a un ardent désir de Dieu, rien ne pourra jamais l’empêcher d’être uni au Seigneur. Car, dit le Seigneur : Je suis un Dieu proche et non lointain. Là où il y a un esprit en veille, la pensée prend des ailes, se libère des liens du corps et s’envole vers le Bien-aimé ; devenue supérieure aux choses visibles, elle se hâte vers lui.

                   Comme Paul, que Chrysostome appelle celui qui toujours jeûne et veille, nous devons veiller non seulement dans le repos, mais encore et surtout dans les épreuves, car elles sont cause d’un plus grand mérite. Le repos rend négligent, tandis que l’épreuve dispose à la vigilance et nous rend dignes du secours d’en-haut. Sachant donc que tout tourne à l’avantage de ceux qui aiment Dieu, affrontons toute épreuve avec philosophie ; si nous veillons, nous trouverons un profit spirituel et la récompense de notre patience. Si nous savons supporter l’épreuve avec action de grâces, nous délierons une part non petite de nos dettes. Dans ces paroles d’une haute valeur spirituelle, nous remarquons un bon nombre de formules qui deviendront, dans la suite, les termes techniques des réalités spirituelles de la théologie byzantine.