Isaïe 7, 1-17

L’Esprit de Jésus-Christ

Saint Vincent de Paul

119° Entretien aux missionnaires, Conférence du 13 décembre 1658

 

              Ô Sauveur ! Que voilà une grande affaire : se revêtir de l’Esprit de Jésus-Christ. Cela veut dire que, pour nous perfectionner et pour assister utilement le peuple, il nous faut travailler à imiter la perfection de Jésus-Christ et tâcher d’y parvenir. Cela veut dire aussi que, par nous-mêmes, nous n’y pouvons rien. Il faut se remplir et être animé de cet Esprit de Jésus-Christ.

              Mais quel est cet Esprit-là, ainsi répandu chez tous les chrétiens qui vivent selon les règles du christianisme ? Quand on dit : L’Esprit du Seigneur est en telle personne ou en telle action, comment cela s’entend-il ? Est-ce que le Saint-Esprit Se répand en elles ? Oui, le Saint-Esprit, quant à sa personne, Se répand dans les justes et habite personnellement en eux. Alors cet Esprit leur donne les mêmes inclinations et dispositions que Jésus-Christ avait sur terre.

              Mais encore, qu’est-ce que l’Esprit de Notre Seigneur ? C’est un Esprit de parfaite charité, rempli d’une merveilleuse estime de Dieu et d’un désir infini de L’honorer dignement. C’est une connaissance des grandeurs du Père qui a pour but de les admirer et de les exalter incessamment. Jésus en avait une si haute estime qu’Il Lui faisait hommage de tout ce qui était en sa personne et de tout ce qui en émanait. Il Lui attribuait tout. Il ne voulait pas dire que sa doctrine fût la sienne, mais il la rapportait à son Père : Ma doctrine n’est pas de Moi, mais de Celui qui M’a envoyé, du Père (Jean 7,16).

              Ô mon Sauveur ! Quel amour n’a-t-Il pas porté ainsi à son Père ? En pouvait-Il avoir un plus grand que de S’anéantir pour Lui ? En pouvait-Il témoigner un plus grand qu’en mourant par amour, de la manière qu’Il est mort ? Ô amour de mon Sauveur ! Ses humiliations n’étaient qu’amour, ses prières n’étaient qu’amour, ses souffrances n’étaient qu’amour, toutes ses occupations intérieures et extérieures n’étaient que des actes réitérés de son amour. Voilà de quel Esprit nous devons nous revêtir : ne rien faire, comme Jésus-Christ, que par amour du Père.