Philémon 1-25

« S’il t’a fait du tort »

Saint Jean Chrysostome

Homélie 2 sur la lettre à Philémon, OC 20, p. 85s

 

                Rien n’avance une affaire comme de ne pas tout demander à la fois. Voyez par combien d’éloges, par quels habiles ménagements Paul a fait précéder le point capital de sa lettre. C’est après avoir dit : Il est mon enfant, mon auxiliaire dans la prédication, mes propres entrailles. C’est un frère que tu vas recevoir, aie soin de le traiter en frère, et il ajoute ce mot : comme moi-même. Paul n’en rougit pas, lui qui n’a pas rougi d’être appelé le serviteur des fidèles, lui qui s’est présenté tel, moins encore devrait-il hésiter à parler de la sorte. Et voici sa pensée : Si tu as les mêmes sentiments que moi, si tu parcours la même route, si tu me tiens pour ton ami, reçois-le comme tu me recevrais moi-même.

                S’il t’a fait quelque tort. Remarquez à quel moment et à quelle place il rappelle les torts commis : à la fin de la lettre, après de longues recommandations ! Comme les pertes d’argent sont celles qui d’ordinaire font les plus vives blessures, pour que Philémon ne revienne pas là-dessus, quand d’ailleurs la réparation serait impossible, c’est à la dernière extrémité que Paul laisse échapper cette parole : Il ne dit pas : « S’il t’a volé ». Quoi donc ? « S’il t’a fait quelque tort ». Ainsi, il avoue la faute, non toutefois comme une faute d’esclave, mais comme la faute d’un ami envers un ami, en se servant plutôt du mot « tort » que du mot « vol ». Il atténue l’expression. Il avoue le délit, sans doute, mais comme le manquement d’un ami envers un ami, et non comme la faute d’un esclave. J’en deviens responsable : c’est de moi que tu dois exiger la réparation, Je te rendrai tout.

                S’entourant ensuite de la grâce spirituelle, il ajoute : Moi, Paul, qui ai souscrit de ma propre main. Ici l’exhortation revêt un tour agréable : si Paul ne refuse pas de signer cette caution, le disciple pourrait-il ne pas y faire honneur ? En frappant vivement le maître, cela délivrerait l’esclave de tout souci. J’ai écrit de ma propre main.