Michée 1,1-9 + 2,1-11

En Palestine

Père Philippe Henne

Saint Jérôme, p. 302

 

              Jérôme quitte Rome, part de nouveau pour l’Orient. Pour lui et pour ceux qui l’accompagnent, c’est la découverte de la Palestine, de l’Egypte, et l’installation définitive à Bethléem.

              Il cherche son style dans le travail intellectuel. Son Commentaire sur l’Ecclésiaste est autant une traduction personnelle qu’une explication originale. Par la suite, il affirma davantage son originalité : il se fonda de plus en plus sur le texte hébreu pour traduire et commenter la Bible. Il signale les divergences entre les différentes versions, en particulier avec la Septante. Voilà qui provoqua de vives réticences, car cette traduction grecque était considérée par tous comme inspirée et le retour au texte hébreu paraissait aussi irrévérencieux vis-à-vis de la tradition qu’orgueilleux de la part d’une personne humaine. Jérôme cependant tint bon. Il pouvait s’appuyer sur les Hexalpes d’Origène. C’est aussi vers cette époque qu’il rassembla en cent trente-cinq notices autant de présentations d’auteurs principalement chrétiens, mais aussi païens et juifs. Ce fut le célèbre De viris illustribus qui nourrit tant de générations de croyants.

              Jérôme ne cesse de travailler. Ses lettres deviennent de véritables traités. Ses commentaires prennent de l’ampleur, comme celui consacré à l’évangile selon saint Matthieu. La querelle surgit à la suite de la traduction du traité Sur les principes d’Origène, réalisée par Rufin. Le moine de Bethléem, terrorisé par de possibles soupçons sur sa foi, rugit, hurle, écrase son ancien ami. Ces grandes tempêtes ne l’empêchent pas de persévérer dans son œuvre  de traduction et de commentaire. Il s’y plaint de l’incompréhension qui l’accable et des critiques qui l’irritent. Tant de conflits, tant de combats semblaient ne jamais connaître de fin. L’Empire s’effondra. Rome fut prise par les Barbares. Les réfugiés débarquaient en Palestine, hagards, privés de tout, avec mille récits plus effrayants les uns que les autres. Jérôme, vieilli, usé, pousse un dernier rugissement. Sa vie n’aura-t-elle été qu’un échec, ponctuée de querelles incessantes ? Non, elle fut un succès, fruit de persévérance. Il éclaira et éclaire encore nombre de moines et de moniales par ses conseils spirituels. Il nourrit toute l’Eglise par sa traduction latine de la Bible. Jérôme était passionné par Dieu et il en souffrit beaucoup. Mais aimer, n’est-ce pas souffrir ?