Jérémie 23, 9-17 + 21-29

Sur les faux prophètes

Aeschimann

Le prophète Jérémie, Commentaire, p. 144s

 

          Sur les prophètes, tel est le titre que le texte lui-même nous donne au début de la lecture de ce jour. Nous y rencontrons un mélange d’oracles ayant trait, d’une manière allusive ou explicite, à des faux prophètes, c’est-à-dire à ces représentants du prophétisme que Jérémie a constamment combattus sous le nom de prophètes de mensonge. Ce n’étaient pas forcément des imposteurs ; ils se prenaient sans doute pour de vrais serviteurs d’un Dieu dont ils parlaient sans cesse, et dont on leur demandait de dire des oracles. La ligne de démarcation n’était probablement pas très nette entre eux et les vrais prophètes. Leur malheur, c’est que, pour se faire bien voir du public qui les consultait, ils étaient enclins à le flatter en émettant des prophéties d’un plat optimisme. De là la méfiance manifestée à leur égard par les autres prophètes, ceux que Dieu avait réellement appelés et qui disaient la vérité à leurs concitoyens. De là le conflit constant entre ces deux prophétismes.

          Dans les quelques versets du premier oracle que nous venons d’entendre, nous percevons le retentissement du bouleversement qu’a ressenti le jeune Jérémie lorsqu’il a eu, pour la première fois, conscience de la dépravation de son peuple. Il en a été étourdi, écrasé ; il en a titubé comme un homme ivre, à cause, dit-il, de Dieu et de sa sainte parole, ce qui signifie probablement : à cause de la douleur qu’il a ressentie à voir Dieu, son Dieu, le Dieu d’Israël, le Dieu vivant, le Dieu dont la parole faisait ses délices, bafoué comme il l’est par son peuple. Des adultères partout ! Des gens qui courent au mal, des prophètes et des prêtres qui sont des profanateurs, qui favorisent l’impiété et l’immoralité jusque dans le sanctuaire ! Comment tout cela ne serait-il pas puni ? Et la punition est décrite sous une forme saisissante, évoquant des hommes qui se bousculent dans la nuit sur un chemin glissant. Ils chancellent. Ils essaient vainement de s’accrocher les uns aux autres. Mais cela ne fait qu’augmenter le désordre. Et ils tombent !