Actes 9,27-31 + 11,19-26

L’évangéliste saint Luc

Chanoine Emile Osty

Fascicule de la Bible de Jérusalem, Evangile de saint Luc, p. 7s

 

          On sait peu de chose sur saint Luc, à qui la tradition attribue unanimement le troisième évangile et les Actes des Apôtres. Né probablement de famille païenne, à Antioche de Syrie, il se convertit sans doute d’assez bonne heure, peut-être aux environs de l’an 40. Lors de son second voyage missionnaire, Paul le rencontre à Troas et l’emmène avec lui jusqu’à Philippes. Huit ou neuf ans après, Paul, repassant par la Macédoine pour se rendre à Jérusalem, retrouve Luc à Philippes. Désormais, la vie de Luc va demeurer lier à celle de l’apôtre des Gentils. Il l’accompagne jusqu’à Jérusalem, et, deux ans après, fait avec lui le voyage mouvementé de Césarée à Rome. Il est à ses côtés lors de la première captivité romaine, et, quelques années plus tard, nous le retrouvons, toujours fidèle, auprès de Paul qui, dans sa prison, attend la mort. Paul disparu, Luc quitte Rome ; nous ne savons rien de certain, ni sur ses dernières années, ni sur sa mort. L’Eglise le vénère comme martyr.

          Saint Luc appartient aux milieux cultivés du monde hellénistique. Il a fait des études médicales, et son œuvre en porte de-ci de-là quelque trace. Il connaît bien la langue grecque et l’écrit avec une parfaite aisance. Il a sûrement lu quelques-uns des grands auteurs anciens, des historiens surtout. Devenu chrétien, il est entré en contact avec les Septante et s’est assimilé à un tel degré cette version grecque de la Bible qu’il est capable, quand il lui plaît, d’en reproduire le style à merveille. Son esprit est fin, souple, subtil même. Luc a le don de conter et de peindre. Avec cela, une âme exquise, toute de bonté, de conciliation, de douceur et de charme.

          Tous ces dons d’esprit et de cœur, Luc va les consacrer à l’œuvre qu’il dédie à Théophile et qui constitue une véritable histoire des origines chrétiennes en deux volumes : l’Evangile et les Actes. Ce chrétien cultivé veut faire entrer le christianisme dans la littérature et dans l’histoire. Mais surtout il se propose de le faire aimer, de confirmer, par ses écrits, la foi des chrétiens issus de la gentilité, et d’amener à la jeune Eglise les païens de bonne volonté, qu’attireront la solidité, la beauté et la miséricorde du message. C’est à ce public d’âmes de bonne volonté que, par delà Théophile, s’adresse son œuvre et d’abord son Evangile, qui a vu le jour, probablement à Rome, entre la publication de l’Evangile de Marc et la composition des Actes des Apôtres.