Apocalypse 21, 1-22 ou 1 Pierre 2, 1-17

Nouveauté et dépassement

Père Yves-Marie Congar

Le mystère du temple, p. 260s

 

          Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle qui descendait du ciel, de chez Dieu. La Jérusalem nouvelle est donnée d’en haut, et ce que nous disons de la Jérusalem nouvelle, il faut avec Jean le dire de la création entière, de ces cieux nouveaux et de cette nouvelle terre que les visions de l’Apocalypse lient avec l’apparition de la Jérusalem nouvelle. L’idée de restauration, de refaire nouvellement ce qui avait été abattu ou profané, était fréquente dans l’Ancien Testament et dans la pensée juive. Mais pour celle-ci, il s’agissait le plus souvent de rappeler à la vie simplement, ce qui avait été. Dans sa Pâque, c’est par une mort que le Christ a passé ; le corps qui sort du tombeau est un temple non fait de main d’homme. Il est le principe d’une création vraiment nouvelle, d’un homme vraiment nouveau : c’est toute la pensée de saint Paul qu’il faudrait évoquer ici. C’est aussi toute la théologie de la nouvelle alliance faite, précisément, dans le sang du Christ, en sa Pâque, et qui est l’acte même de la fondation de la nouvelle Jérusalem. Ce qui est annoncé dans l’Apocalypse, c’est donc la Pâque de l’Eglise et du monde. Le Très-Haut n’habite pas dans des demeures faites de main d’homme. Ce n’est pas seulement notre corps individuel qui nous sera rendu d’en haut, non fait de main d’homme, comme demeure d’éternité, c’est le temple spirituel entier, l’Eglise- corps- du-Christ, qui sera restitué d’en haut, nouveau, à l’image du Seigneur qui, en sa Pâque, en a été la première pierre.

            Bref, ce que nous rencontrons ici c’est le mystère décisif de l’identité de l’alfa et de l’oméga du mystère pascal et du mystère parousiaque. Jean nous décrit la Pâque finale de l’Eglise et du Monde qui doit imiter, mais dans des conditions propres, la Pâque de Jésus.

            Celui qui par sa Pâque est le principe d’une nouvelle création est bien Jésus, fils de Marie, mais il a dû passer par la mort de ce qui, en lui, était du monde d’avant, né d’une femme, né sous la Loi, avec une chair semblable à celle du péché. Il faut de même que ce qui, dans l’Eglise-temple-de Dieu, est chair de péché, meure, car la chair et le sang ne peuvent pas avoir part au Royaume de Dieu. Il faut que l’Eglise ait sa Pâque, qu’elle passe par la mort, comme le Christ, et qu’un corps tout de pureté lui soit rendu pour qu’elle puisse s’unir à Dieu, et le recevoir comme cette épouse-temple dont parle l’Apocalypse. Ainsi tout effort accompli dans le temps et le cadre de l’histoire terrestre est repris dans le ciel. La nouveauté donnée gratuitement ne dispense pas de l’effort pour la retenir et la faire fructifier.