Apocalypse 5, 1-14 ou Apocalypse 7, 1-17

Brûler d’un grand désir

Pape Benoît XVI

Homélies, p. 433s

 

          La liturgie, aujourd’hui, nous invite à partager l’exultation céleste des saints, à en goûter la joie. Les saints ne constituent pas une caste restreinte d’élus, mais une foule innombrable, vers laquelle la liturgie aujourd’hui nous invite à élever le regard. Dans cette multitude, il n’y a pas seulement les saints officiellement reconnus, mais les baptisés de chaque époque et nation, qui se sont efforcés d’accomplir, avec amour et fidélité, la volonté divine. Nous ne connaissons pas le visage, ni même le nom de la plupart d’entre eux, mais avec les yeux de la foi, nous les voyons resplendir, tels des astres emplis de gloire, dans le firmament de Dieu.

          Aujourd’hui, l’Eglise fête sa dignité de Mère des saints, image de la vie céleste, et manifeste sa beauté d’épouse immaculée du Christ, source et modèle de toute sainteté. Elle ne manque certes pas de fils contestataires et rebelles, mais c’est dans les saints qu’elle reconnaît ses traits caractéristiques, et c’est précisément en eux qu’elle goûte sa joie la plus profonde. La foule immense que nul ne pouvait dénombrer comprend les saints de l’Ancien Testament, à partir d’Abel le Juste et du fidèle Patriarche Abraham, ceux du Nouveau Testament, les nombreux martyrs du début du christianisme, les bienheureux et saints des siècles successifs, jusqu’aux témoins du Christ de notre époque. Ils sont tous unis par la volonté d’incarner l’Evangile dans leur existence, sous l’impulsion de l’éternel animateur du Peuple de Dieu qu’est l’Esprit Saint.

          Mais à quoi sert notre louange aux saints, à quoi sert notre tribut de gloire, à quoi sert cette solennité elle-même ? Nos saints, dit saint Bernard, n’ont pas besoin de nos honneurs et ils ne reçoivent rien de notre culte, et il ajoute : Pour ma part, je dois confesser que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs. Telle est donc la signification de la solennité d’aujourd’hui : en regardant l’exemple lumineux des saints, réveiller en nous le grand désir d’être comme les saints, heureux de vivre proches de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu. Etre saint signifie vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. Telle est notre vocation à tous, répétée avec vigueur par le concile Vatican II, et reposée aujourd’hui de façon solennelle à notre attention.