Matthieu 5, 1-12

Imiter le Christ doux et humble de cœur

Saint Augustin

Traité sur la virginité, Bibliothèque Augustinienne, tome III, p. 249s

 

          Qu’est-ce que suivre, sinon imiter ? La preuve, c’est que le Christ a souffert pour nous, nous laissant un exemple, comme dit l’apôtre Pierre : Pour que nous suivions ses traces. Chacun le suit, autant qu’il l’imite, non en tant qu’il est le Fils unique de Dieu par qui tout a été fait, mais en tant que, Fils de l’homme, il a montré en lui-même ce qu’il était nécessaire d’imiter. Bien des choses chez lui sont proposées à l’imitation de tous.

          Bienheureux les pauvres en esprit : imitez celui qui s’est fait pauvre à cause de vous, alors qu’il était riche. Bienheureux les doux : imitez celui qui a dit : Mettez-vous à mon école parce que je suis doux et humble de cœur. Bienheureux ceux qui pleurent : imitez celui qui pleura sur Jérusalem. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice : imitez celui qui a dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé. Bienheureux les miséricordieux : imitez celui qui porta secours à celui que blessèrent les voleurs et qui gisait sur le chemin à demi-mort et désespéré. Bienheureux les cours purs : imitez celui qui n’a point fait de péché, sur les lèvres duquel il ne s’est point trouvé de malice. Bienheureux les pacifiques : imitez celui qui a dit en faveur de ses persécuteurs : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice : imitez celui qui a souffert pour vous, vous laissant un exemple pour que vous suiviez ses traces. Ceux qui l’imitent sur ces points suivent l’Agneau pour autant ; s’ils ne posent pas le pied parfaitement dans la même empreinte, ils avancent cependant sur les mêmes chemins.

          Qu’ils t’écoutent, qu’ils viennent à toi, qu’ils apprennent de toi à être miséricordieux ceux qui vivent pour toi, Seigneur, et non pour eux. Qu’ils entendent cela ceux qui peinent, ceux qui sont chargés, ceux qui ploient sous le fardeau jusqu’à ne point oser lever les yeux au ciel. Oui, que tous ceux qui tournent vers toi deviennent facilement doux et humbles devant toi au souvenir de leur vie pleine d’iniquités, comme au souvenir de ta miséricorde pleine de pardon, car là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.