Isaïe 37, 21-35

Ezéchias vivait devant Dieu à cœur ouvert

Cardinal John-Henry Newman

Sermon, Sincerity and Hypocrisy

 

          L’homme agréé de Dieu est celui qui croit en Dieu au point de vivre dans la pensée de cette présence divine en lui, présence non extérieure, présence pas simplement naturelle ou providentielle, mais présence au plus profond de son cœur, dans sa conscience. L’homme, dont la conscience est illuminée par Dieu, est justifié si bien que, d’une manière habituelle, il a le sentiment intime que toutes ses pensées, tous les premiers élans de sa vie morale, toutes ses motivations, tous ses désirs sont à découvert devant Dieu. Il croit qu’il en est vraiment ainsi et il trouve même sa joie à le penser, en dépit de sa crainte et de sa honte d’être ce qu’il est.

          Cet homme ne résonne pas, mais il dit : Toi, Seigneur, tu me vois (Genèse 16,13). Il sent Dieu trop proche de lui pour se permettre discussion, autojustification, excuse ou objection. En matière de devoir, il n’en appelle pas à sa propre raison, mais à Dieu lui-même, qu’il voit avec les yeux de la foi et dont il fait son Juge ; il n’en appelle à aucune convenance imaginaire, à aucune notion préconçue, à aucun principe abstrait, ni à aucune expérience tangible. Le livre des Psaumes donne continuellement des exemples de ce caractère fait de confiance en Dieu, profonde, simple, à cœur ouvert : Ô Seigneur, tu me sondes et tu me connais ! Tu sais quand je m’asseois, quand je me lève, de près ou de loin tu pénètres mes pensées. Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres, déjà tu le sais (Psaume 138,1-4).

          Quand Ezéchias fut dans le désarroi, il prit la lettre de Sennakérib, monta au Temple et déplia la lettre devant le Seigneur. Et quand saint Pierre se vit couler dans l’eau, il cria au Christ : Seigneur, sauve-moi !  De même quand le saint roi David, qui avait péché en dénombrant le peuple, fut averti d’avoir à choisir un des trois châtiments qui lui étaient proposés, il montra cette même dévotion honnête, issue d’un cœur simple : il choisi celui des trois qui pouvait le plus précisément s’appeler : tomber entre les mains du Seigneur. S’il devait souffrir, que ce soit le chemin qui le châtie : Je suis dans une grande angoisse, dit-il. Eh bien ! Je préfère tomber entre les mains du Seigneur, car inépuisable est sa tendresse. Mais, que je ne tombe pas entre les mains des hommes ! (2 Samuel 24,14).