2 Rois 17, 1-18

« Revenez à moi, convertissez-vous et je reviendrez à vous »

Saint Augustin

Sermon 142, OC 17, p. 365s

 

          Est-ce contre cette âme ou en sa faveur qu’est faite cette prière : Couvre leur visage de honte ? On croirait voir ici un adversaire, un ennemi. Ecoutez la suite, et voyez si cette prière n’est pas celle d’un ami : Qu’ils cherchent ton nom, Seigneur. Couvre leur visage de honte, qu’ils cherchent ton nom, Seigneur. Il les haïssait, puisqu’il désirait que leurs visages fussent couverts de honte, mais voyez comme il les aime, qu’il veut qu’ils cherchent le nom du Seigneur. N’a-t-il pour eux que de l’amour ou que de la haine ? Ou bien l’amour se trouve-t-il joint à la haine ? Oui, il y a chez lui tout à la fois de l’amour et de la haine, de la haine pour ce qui vient de vous, de l’amour pour vous. Qu’est-ce à dire, de la haine pour ce qui vient de vous ? Dieu hait les œuvres que vous avez faites, mais il aime ce qu’il a fait lui-même. Quelles sont en effet vos œuvres ? Ne sont-ce point vos péchés ? Et qu’êtes-vous, sinon l’œuvre de Dieu qu’il a faite à son image et à sa ressemblance ? Vous négligez en vous ce que Dieu y a fait, et vous aimez ce que vous avez fait vous-même. Vous avez hors de vous vos propres œuvres, et vous dédaignez en vous l’œuvre de Dieu. Vous méritez donc de vous égarer, de tomber dans des précipices, de vous perdre loin de vous-même et de vous entendre appliquer ces paroles : Toi, tu as rejeté et répudié, tu t’es emporté contre ton oint. Ecoutez plutôt Celui qui vous appelle et vous dit : Revenez à moi et je reviendrai à vous.

          En réalité, Dieu ne se détourne, ni ne se retourne ; il reste immuable lorsqu’il reprend et qu’il corrige. Il s’est détourné de vous parce que vous vous êtes détourné de lui. Vous êtes tombé des hauteurs où vous étiez avec lui, il ne s’est point lui-même séparé de vous. Ecoutez donc l’invitation qu’il vous adresse : Revenez à moi et je reviendrai à vous ; c’est-à-dire je me tourne vers vous parce que vous vous tournez vers moi. Dieu poursuit de près les fuyards, et il éclaire le visage de ceux qui reviennent à lui. Où pouvez-vous fuir en fuyant loin de Dieu ? Où pouvez-vous fuir en fuyant loin de Celui qui ne peut être limité par aucun lieu et qui est présent partout ? Il donne la liberté à celui qui revient à lui, et châtie celui qui s’en détourne. Si vous le fuyez, il est votre juge ; il est votre Père si vous revenez à lui.