2 Rois 18, 17-36

Les événements du monde sont des paroles obscures de Dieu

Père Jean-Pierre de Caussade

L’abandon à la divine providence, p. 131s

 

          Il n’y a rien de plus raisonnable, de plus parfait, de plus divin que la volonté de Dieu.

          Ce moment présent est toujours plein de trésors infini, il contient plus que vous n’avez de capacité. La foi est la mesure, vous y trouverez autant que vous croyez. L’amour aussi est la mesure : plus votre cœur aime, plus il désire ; et plus il croit trouver, plus il trouve. La volonté de Dieu se présente à chaque instant comme une mer immense que votre cœur ne peut épuiser. Il n’en reçoit qu’autant qu’il s’entend par la foi, par la confiance, et par l’amour. Tout le reste du créé ne peut remplir votre cœur qui a plus de capacité que ce qui n’est pas Dieu. Les montagnes qui effraient les yeux ne sont que des atomes dans le cœur. C’est dans cette volonté, cachée et voilée dans tout ce qui vous arrive au moment présent, qu’il faut puiser, et vous la trouverez toujours infiniment plus étendue que vos désirs.

          La parole de Dieu est pleine de mystères ; sa parole exécutée dans les événements du monde ne l’est pas moins. Ces deux livres sont vraiment scellés. La lettre de tous les deux tue. Dieu est le centre de la foi. C’est un abîme de ténèbres qui, de ce fonds, se répand sur toutes les productions qui en sortent. Toutes ses paroles, toutes ses œuvres ne sont, pour ainsi dire, que des rayons obscurs  de ce soleil encore plus obscur. Nous ouvrons les yeux du corps pour voir le soleil et ses rayons, mais les yeux de notre âme, par lesquels nous voyons Dieu et ses ouvrages, sont des yeux fermés. Les ténèbres tiennent ici la place de la lumière, la connaissance est une ignorance, et on voit en ne voyant pas. L’Ecriture Sainte est une parole obscure d’un Dieu encore plus obscur. Les événements du siècle sont des paroles obscures de ce même Dieu si caché et si inconnu. Ce sont des gouttes de la nuit, mais d’une mer de nuit et de ténèbres. Une poignée d’hommes préservés de l’idolâtrie dans la perte générale de tout le monde jusqu’à la venue du Messie, l’impiété toujours régnante, toujours puissante, ce petit nombre de défenseurs de la vérité toujours persécutés et maltraités : ce sont là des paroles de Dieu, c’est ce qu’il a révélé, ce qu’il a dicté. Il faut le croire, cela ne se voit point. Il faut de la foi pour tout ce qui est divin.