2 Rois 17, 24-41

« Eveillez-vous, harpe, cithare ! »

Père Eloi Leclerc

Chemin de contemplation, p. 15s

 

          La vie mystique est quelque chose de tout simple, de solide et de profond ; et en même temps de merveilleux. Elle se caractérise avant tout par la tendance à l’union à Dieu, par la recherche d’une communion avec Dieu. Elle est essentiellement la vie d’union à Dieu.

          Le désir de Dieu est au cœur de la révélation. Il se trouve clairement exprimé, et avec quelle force, dans la tradition biblique, notamment dans certains psaumes. Voici quelques versets qui traduisent cette soif de Dieu, ce désir ardent de communier à la source de toute vie : Dieu, toi, mon Dieu, je te cherche dès l’aube ; mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair.  Comme le cerf altéré halète après l’eau vive, ainsi mon âme languit vers toi, mon Dieu. Mon âme a soif du Dieu vivant.

          Si l’homme biblique tend de tout son être à s’unir au Dieu de vie, il a pleinement conscience, à la lumière de la Parole, que Dieu a devancé son désir. Toute l’histoire d’Israël fait éclater cette vérité essentielle : ce n’est pas l’homme qui tend à s’unir à Dieu, c’est Dieu, lui-même, qui, le premier, est entré en relation avec l’homme et veut s’unir à lui ou plus précisément l’unir à lui. Cette prise de conscience est capitale. Elle place la vie mystique dans sa vraie lumière. Le mouvement vient de Dieu. C’est lui qui a l’initiative de la rencontre, une initiative toute gratuite.

          Dans cet éclairage, la vie d’union à Dieu prend sa source dans la communication que Dieu fait de lui-même à l’homme. Pascal, dans son Mystère de Jésus, prête au Christ ces paroles : Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas trouvé. Il serait aussi juste d’écrire : Tu ne me chercherais pas si je ne t’avais pas trouvé. On ne le dira jamais assez : le plus important dans la vie d’union à Dieu, ce n’est pas le chemin toujours incertain que l’homme peut faire vers Dieu, mais bien plutôt celui que Dieu lui-même a fait et ne cesse de faire vers l’homme. Avant tout désir de la part de l’homme, il y a la démarche amoureuse de Dieu qui veut rencontrer l’homme et se communiquer à lui. L’itinéraire de l’âme à Dieu a toujours son point de départ en Dieu. Quand l’homme se met en route, Dieu l’a déjà rejoint. Et le mouvement de l’homme n’est jamais que la prise de conscience toujours plus profonde et l’accueil toujours plus aimant de la communication de Dieu.