2 Rois 21,1-18+23 – 22,1

La puissance de la pénitence

Saint Cyrille de Jérusalem

Les Catéchèses, Deuxième catéchèse, PdF 53-54, p. 42s

 

          Quand tu oublies Dieu, alors tu te mets à penser au mal et à commettre l’iniquité. Tu n’es pas le seul instigateur de la mauvaise action : il en est un autre dont la perversité te la souffle, c’est le diable. Cet être souffle le mal à tous, mais il ne triomphe pas de ceux qui refusent de l’écouter. D’où la parole de l’Ecclésiaste : Si l’esprit de celui qui possède la puissance s’élève contre toi, ne quitte pas ta place (Qohélet 10,4), verrouille ta porte, tiens-le loin de toi, et il ne te nuira pas. Si tu accueilles à la légère la suggestion d’un désir, grâce à tes considérations, elle enfoncera en toi des racines, elle enchaînera ton intelligence et t’attirera dans la fosse de misère.

          Le diable est donc l’instigateur du péché, le père du mal. Cela, ce n’est pas  moi qui l’ai dit, c’est le Seigneur : Le diable pêche dès l’origine, peut-on lire dans l’évangile de Jean ; avant lui, personne ne péchait ; il a donc péché ; constitué bon, il est devenu diable par suite d’un choix personnel. Il est appelé Satan, mot qui signifie l’adversaire. Il fut créé parfait, dit le prophète Ezéchiel, jusqu’au moment où l’on découvrit en lui l’iniquité. C’est lui qui suggère les mauvais désirs à ceux qui l’écoutent ; il est à l’origine de tout le mal imaginable. A cause de lui, Adam, notre premier père a été chassé du paradis, et a reçu en partage la terre, féconde en épines. Une terre pleine de ronces, soigneusement cultivée, se transformera en terre fertile ; de même notre nature humaine, grâce à la miséricorde divine, est susceptible du salut, mais pour cela l’adhésion de notre libre volonté est requise.

          L’exemple du roi Manassé est patent : il a agi comme le dernier des criminels : c’est qui a fait scier le prophète Isaïe, qui s’est souillé de toutes sortes d’idolâtrie, qui a rempli Jérusalem de sang innocent. Mais emmené captif à Babylone, il utilisa, comme remède pour se convertir, son expérience du malheur. L’Ecriture en effet raconte que Manassé s’humilia devant le Seigneur, qu’il pria, et que le Seigneur l’écouta et le ramena dans son royaume. Si celui qui avait scié le prophète a été sauvé par la pénitence, nous qui n’avons rien fait d’aussi grave, nous ne serions-nous pas sauvé ? Encore faut-il le vouloir et agir en conséquence…