Ezéchiel 16, 3-19+35-43+59-63

Histoire symbolique d’Israël

Père Paul Auvray

Ezéchiel, p. 36s

 

                C’est à la ville sainte que Dieu s’adresse pour lui dévoiler ses abominations. Il compare Jérusalem à une jeune femme qu’il aurait épousée, comblée de bienfaits, et qui n’aurait répondu que par l’ingratitude et l’infidélité.

                Ses antécédents, il est vrai, la chargeaient d’une lourde hérédité : Par ses origines et par sa naissance, tu te rattaches au pays des Cananéens. Ton père était Amorréen et ta mère Hittite.

                Mais à sa naissance, ses parents, lui refusant les soins dont les nouveau-nés sont habituellement l’objet en Orient, l’ont abandonnée. Ainsi recueillie, l’enfant grandit et atteint l’âge nubile. Dès lors, Dieu comble de ses dons la jeune épousée ; mais en échange de ses bienfaits, il ne reçoit que de l’ingratitude, car l’épouse multiplie les infidélités : elle se prostitue à tout venant, elle se construit des hauts lieux et des sanctuaires idolâtriques, elle offre aux dieux étrangers des sacrifices humains. Et, pour perpétrer ses infidélités, c’est les présents de Dieu qu’elle utilise sans vergogne.

                Tous les avertissements ont été inutiles, l’épouse s’est laissé séduire successivement par les Egyptiens, les Assyriens, les Chaldéens. Encore serait-elle excusable si elle avait dû céder à leurs sollicitations, mais elle a recherché elle-même ses amants, et loin de recevoir d’eux un salaire, comme les autres prostituées, elle leur a offert des présents !

                Ainsi se trouve racontée l’histoire passée et future d’Israël. L’idée mise en œuvre n’est pas absolument nouvelle : depuis longtemps, Osée avait présenté Israël comme l’épouse de Dieu et décrit ses fautes sous les couleurs de coupables adultères. Jérémie n’a pas manqué de reprendre cette image pour suggérer à Juda une opportune comparaison.

                Cette comparaison avait fait rapidement fortune, et l’on peut dire qu’au VII° siècle la formule se prostituer après les dieux étrangers était devenue l’expression consacrée pour désigner les alliances politiques avec les païens et stigmatiser les contaminations religieuses qui risquaient d’en être la conséquence.

                Ezéchiel a repris ce schéma, l’a illustré dans une allégorie plus exactement parlante, qui traduit bien l’histoire du peuple élu.