Actes 28,16-31 pu 1 Pierre 2,1-17 ou Apocalypse 21,9-27

L’environnement humain et biblique de la fête de la Dédicace

Père Pierre Jounel

Dictionnaire Encyclopédique de la Liturgie, tome I, p. 262

 

          Si la fête de la dédicace trouve un écho important dans l’Eglise encore aujourd’hui, c’est qu’elle est enracinée dans les traditions populaires et dans la Bible.

          Les verbes dedicare, consecrare, benedicere ne sont pas spécifiquement chrétiens, pas plus que le mot encenia. On les trouve tous dans le vocabulaire de la vie sociale et religieuse. Dedicare veut dire déclarer, dédier, consacrer, inaugurer ; le mot grec encenia, qui signifie inauguration, désigne, dans la Septante et dans l’évangile de Jean, la fête de la dédicace du Temple, mais, au dire de saint Augustin, il est passé aussi dans le latin populaire. On l’emploie, par exemple, pour signifier la première sortie avec un vêtement neuf. Le paganisme connaissait la dédicace d’un temple, d’un autel, d’un théâtre, d’une ville. On célébra avec faste la dédicace de Constantinople, le 11 mai 330. Le rite comportait toujours des processions avec aspersion d’eau lustrale, des prières et l’offrande de sacrifices. Aujourd’hui encore le mot dédicace déborde le domaine religieux : on dédie un livre ou un disque.

          L’Ancien Testament a connu, lui aussi, des dédicaces de stèles, d’autels, de maisons, mais surtout les dédicaces successives du Temple du Seigneur, celle du premier Temple, que Salomon célébra durant sept jours, entouré de tout le peuple, et celle du second Temple au temps d’Esdras, en 515 avant le Christ. Quant à la purification du Temple et à la dédicace du nouvel autel des holocaustes par Judas Maccabée, chaque année le peuple juif en renouvelle le souvenir dans la fête de Hanoukka. Elle se célèbre pendant huit jours à partir du 25 de Kisleu (décembre). Attachée d’abord au Temple, où l’on se rendait en procession pour offrir des sacrifices au chant du Hallel, les psaumes 112 à 117, elle comportait aussi une illumination des maisons, et elle a pu se perpétuer sous cette forme après la ruine de Jérusalem. Lorsqu’au Moyen-Age la liturgie chrétienne voudra enrichir sa symbolique, elle ne manquera pas de se référer à tout ce substrat biblique.