Jean 6, 51-58

Celui qui mange ce pain vivra éternellement

Père Aimon-Marie Roguet

Homélies pour les défunts, p. 143s

 

          L’évangile de ce jour nous enseigne que le mystère de l’eucharistie a un rapport essentiel avec le mystère de la mort et de la résurrection des hommes, à commencer par celles de Jésus, leur Sauveur.

            Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. Jésus dit aussi dans le même discours : Moi, je suis le pain de la vie, ou encore, Le pain de Dieu est Celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Jésus est comparable au pain, c’est-à-dire à la nourriture fondamentale. Il veut qu’on s’unisse à lui par la foi, et par la communion à l’eucharistie qui est le mystère de la foi. Sans doute on se nourrit pour vivre. Mais il ne s’agit plus ici de la vie physique, terrestre. Puisque ce pain descend du ciel, il est vivant de la vie même de Dieu. De même que le Père, qui est la vie, m’a envoyé, et que je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Donc, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, puisque ce pain, c’est Jésus, et que Jésus nous communique la vie de son Père qui est aux cieux.

            Il ne faut pas croire que cette transmission de vie divine du Père au Fils, puis du Fils à nous par le sacrement de l’Eucharistie, soit une sorte d’écoulement physique, à la manière dont la lumière rayonne du soleil ou dont la sève passe de la racine et du tronc de l’arbre à ses branches. Entre Dieu et nous, il y avait la rupture du péché ; il a fallu que Jésus rétablisse la communication entre Dieu et l’homme. Et il l’a fait précisément par son sacrifice. On peut se demander comment Jésus a pu vaincre la mort en subissant la mort, comment il a pu nous rendre la vie en perdant sa vie sur la croix. C’est que son sacrifice ne s’est pas terminé à la mort et à la mise au tombeau. Il devait en obtenir l’achèvement, il devait montrer par sa résurrection que ce sacrifice était une victoire.

            Lors de l’eucharistie, nous ne nous contentons pas de commémorer et d’offrir la passion et la mort de Jésus-Christ. Le Christ, que nous rendons présent par ses propres paroles sous les apparences du pain et du vin consacrés, n’est pas un cadavre, c’est le Christ ressuscité, vivant, glorieux. Voilà pourquoi notre communion eucharistique ne nous unit pas seulement à la mort de Jésus ; elle dépose en nous le germe de la résurrection : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la Vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Ainsi, en participant pleinement à l’eucharistie, nous nous y unissons à Jésus mort et ressuscité, et nous retrouvons, dans la certitude obscure de la foi, nos frères qui sont morts en lui et qui doivent ressusciter avec lui. Confiant que tous nous ressusciterons, nous nous retrouverons tous dans la vraie vie, la Vie éternelle.