Jérémie 37,21 + 38,14-28

La passion de Jérémie

Père Gaston Brillet

365 méditations sur la Bible, La prophétie, tome III, p. 107s

 

          Jérémie voulut aller chez lui régler quelques affaires familiales. Il fut arrêté par la garde à la porte de la ville et accusé de passer à l’ennemi. Ses vives dénégations ne furent pas écoutées, on le maltraita, puis on le mit en prison.

          Le roi Sédécias, ayant appris cela, l’envoya chercher. Il vint et le roi lui demanda : « Y a-t-il une parole de Dieu ? – Oui, répondit le prophète, tu seras livré entre les mains du roi de Babylone. »

          S’étant disculpé de l’odieuse accusation de trahison, cette folie obsidionale, il supplia le roi de ne pas le renvoyer dans la prison. Le roi le fit enchaîner dans la cour des gardes, et on lui donna chaque jour une galette de pain de la rue des boulangers jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de pain dans la ville. Dans la cour, Jérémie pouvait respirer, il pouvait même parler aux gens. Naturellement on ne pouvait parler que de la guerre et le prophète ne pouvait que proclamer la folie d’une résistance devenue encore plus folle après la première déportation de toutes les forces militaires de la nation. Mais les gens vivaient encore de l’ombre de leur foi, si infidèle.

          Aussi Jérémie fut-il dénoncé au roi. Et Sédécias répondit aux accusateurs : Voici, il est entre vos mains, car le roi n’a aucun pouvoir en face de vous. Peu de rois descendirent jamais à ce degré d’ignominie !

          On prit Jérémie, et on l’enferma dans la citerne de la maison d’un des princes de ses ennemis. La citerne, vide d’eau, était pleine de boue, et Jérémie s’enfonça dans la vase.

          Il ne dut son salut qu’à un eunuque égyptien, Ebed Mélek, qui alla trouver le roi, protesta énergiquement et obtint la permission de libérer le malheureux. On nous raconte un dernier entretien de Jérémie, appelé secrètement par Sédécias. Le prophète donne au roi un suprême avertissement, un suprême conseil, aussi inutile que les précédents. Puis il le laisse pour toujours à son indécision et à sa peur.