Jérémie 32, 6-10+16+24-40

« Je mettrai ma crainte en leur cœur, dit le Seigneur »

Saint Augustin

Sermon 347, chapitre 1, OC 19, p. 166

 

          La crainte de Dieu, mes frères, nous est fréquemment recommandée, et dans mille endroits : les Saintes Lettres nous rappellent combien il est utile de craindre Dieu. Souffrez que dans cette multitude innombrable de témoignages j’en choisisse quelques-uns pour vous les expliquer.

          Qui n’est heureux d’être sage, ou qui ne désire de l’être, s’il ne l’est pas encore ? Mais que dit l’Ecriture ? Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur. Qui ne serait enchanté de régner ? Or, écoutons ce que l’Esprit Saint nous dit par la bouche du psalmiste (2,10-11) : Maintenant, rois, comprenez, instruisez-vous, juges de la terre : servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant.

          L’apôtre nous fait la même recommandation : Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement (Philippiens 2,12). Il est encore écrit : Si tu désires la sagesse conserve la justice, et Dieu te la donnera. Nous en rencontrons beaucoup, en effet, qui, pleins d’indifférence pour la justice, désirent ardemment la sagesse. La Sainte Ecriture leur apprend qu’ils ne peuvent parvenir à ce qu’ils désirent qu’en s’appliquant fidèlement à ce qu’ils négligent. Conservez la justice et Dieu vous donnera cette sagesse que vous désirez. Mais qui peut, sans la crainte de Dieu, garder la justice ? Car il est dit dans un autre endroit : Sans la crainte de Dieu, il est impossible d’être justifié. Or, si le Seigneur n’accorde la sagesse qu’à celui qui garde la justice, et si, d’un autre côté, il est impossible d’être justifié sans la crainte de Dieu, il faut revenir à cette vérité des Saints Livres : La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.

          Le prophète Isaïe, énumérant les sept dons si connus de l’Esprit de Dieu, commence par la sagesse pour arriver jusqu’à la crainte du Seigneur ; il a voulu, semble-t-il, descendre jusqu’à nous pour nous apprendre à nous élever. Il a donc commencé par le terme où nous voulons parvenir, et il est ainsi arrivé au degré par lequel nous devons commencer. L’Esprit de Dieu reposera sur lui, l’Esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science et de piété, l’Esprit de crainte du Seigneur.