Jérémie 30,18 – 31,9

Restauration promise

Père Albert Gelin

Jérémie, p. 152s

 

          Le programme messianique annoncé est de restauration, tel est le thème général énoncé par l’expression hébraïque que l’on retrouve à plusieurs reprises dans le texte que nous venons d’entendre, expression qu’il faut comprendre ainsi : changer de vie, opérer un revirement, rétablir, remettre en état. L’expression vise plus loin que le simple retour des captifs, car, dans l’optique du prophète, tous les sauvés ne partiront pas en exil.

          L’époque messianique sera marquée par une profusion de bénédictions divines. Le mot, par ses origines, évoque une idée de fécondité et de vitalité pour la terre, les troupeaux et les hommes. Le mot paix, à son tour, a des harmoniques bibliques nombreuses : joie, sécurité, euphorie. C’est un de ceux que Jérémie chérit : comme plus tard Zacharie, il rêve d’un avenir sans autre merveille qu’une vie quotidienne qui s’épanouisse librement. Le mot justice renforce le mot paix en indiquant une situation stable et solide, octroyée par la puissance de Dieu. Bénédiction, paix, justice sont les noms concrets du salut. On vivra enfin dans l’abondance et le bonheur.

          Ainsi parle le Seigneur Sabaot, le Dieu d’Israël : on dira encore cette parole au pays de Juda et dans ses villes quand j’aurai changé leur sort : Que Dieu te bénisse, toi, contrée de justice, toi, sainte montagne.

          Dans ce pays s’installeront Juda et toutes ses villes, les laboureurs et ceux qui marchent avec un troupeau. Car je donnerai l’abondance à l’âme épuisée, et la profusion à toute âme qui languit. C’est pourquoi on dit : Dès mon réveil, j’étais dans l’abondance, et mon sommeil était tranquille.

          Ce retour à la vie normale, où bédouins, paysans et citadins reprendront leurs habitudes de toujours, comme il est doux d’y penser en plein malheur. On n’échafaude pas alors des rêves démesurés ! Ce bonheur, bonheur, même modeste, est le signe qu’on est agréé par Dieu, la preuve concrète d’une restitution dans sa faveur. Ne soyons pas étonnés que Jérémie note ensemble ce qui, dans l’optique de l’Ancien Testament, n’est pas séparable, et signalons déjà, dans la peinture des temps messianiques, des traits qu’il a le premier dessinés avec netteté : la joie du pardon divin, le don du cœur nouveau.