Jérémie 29, 1-14

Dans le sillage du concile de Trente

Sabine Melchior-Bonnet

Histoire des saints et de la sainteté, tome 8, p. 80s

 

          Quoique Charles Borromée désire ardemment regagner son diocèse de Milan, dont il vient d’ailleurs d’être nommé archevêque le 2 mai 1564, Pie IV veut le retenir auprès de lui, car il a besoin de ce collaborateur efficace pour mettre en œuvre les directives générales du concile de Trente. A cet effet, le pape commence par créer des commissions permanentes chargées de suivre le progrès des réformes et d’éclaircir au besoin les doutes. Le travail exécuté en deux ans par Borromée est considérable, soit qu’il participe directement aux réformes, soit qu’il en contrôle l’application. Une des premières mesures prises est la création d’une commission chargée de fonder le séminaire romain.

            Charles Borromée fait aussitôt appel aux Jésuites pour qu’ils se rendent à Milan, où ils ouvrent leur séminaire le 10 décembre 1564, avant même celui de Rome. Il se préoccupe également des cérémonies liturgiques, dont il contrôle la bonne tenue et le respect des rites, car, jusqu’ici, le culte divin se déroulait bien souvent dans le désordre et l’ignorance. Il intervient personnellement dans la question de la musique accompagnant les cérémonies, musique qui empruntait alors ses thèmes et ses règles au chant profane ; la composition désormais en est simplifiée, rendue intelligible aux fidèles et propice au recueillement. Le Bréviaire, la Bible sont révisés, ainsi que la composition du Missel, achevé sous Pie V. Enfin le besoin se fait sentir de rédiger un sommaire de la doctrine chrétienne, et Charles Borromée participe à l’élaboration du catéchisme du concile de Trente qui est publié en 1566. Aux cotés du pape, il collabore à beaucoup d’autres tâches encore, à une révision de l’Index, à une édition des œuvres des Pères de l’Eglise, et il travaille à un projet de réforme du Sacré-Collège.

            Il faudrait également parler de toutes les œuvres de charité et d’urbanisme qu’il entreprend à Rome pour assainir la ville, héberger les mendiants, contrôler l’activité du mont-de-piété, aménager et orner les églises. Mais toutes ces responsabilités, si diverses soient-elles, ne l’empêche pas de suivre de près son diocèse de Milan : une des grandes aptitudes de Charles Borromée tout au long de sa vie a été de savoir s’entourer d’hommes capables de le seconder. Lors d’un de ses séjours à Milan, en octobre-novembre 1565, Charles convoque et préside un concile régional réunissant onze évêques. Ces journées de travail sont l’occasion de préciser les grandes lignes de la réforme et de réfléchir aux remèdes pour rétablir la discipline morale. En son absence, son vicaire général va entreprendre bien des réformes, telles la création du séminaire et la restauration de la clôture dans les monastères.