Ezéchiel 40,1-4 + 43,1-12

Le Temple futur

Père Paul Auvray

Ezéchiel, p. 125s

 

                A mesure que l’on s’avance dans la lecture de cette longue description du futur Temple, on s’aperçoit qu’il y a, dans la manière d’Ezéchiel, quelque chose de changé : Dieu lui a recommandé de regarder et d’écouter avec soin, d’appliquer son attention à ce qui lui est montré. En effet, le prophète fera preuve désormais d’un souci d’exactitude et de précision jusqu’alors inconnu. Rien de la vision floue et insaisissable de fleuve Chobar. Ezéchiel examine très exactement l’édifice que Dieu lui présente. Son guide le conduit dans tous les recoins, en mesure sous ses yeux tous les éléments, lui montre les vastes dépendances destinées aux services annexes du culte et au logement des ministres.

                Ainsi se poursuit, pendant des pages, la lente et laborieuse exploration du vaste Temple reconstruit à neuf. Si le prophète s’arrête à ces détails qui nous semblent fastidieux, c’est qu’il traite d’un édifice sacré sur les ruines duquel la pensée des exilés fidèles reste douloureusement fixée. Il ne prend tant de peine à décrire les dimensions de la demeure où Dieu, de nouveau, habitera parmi son peuple, que parce qu’il y voit le symbole magnifique d’un culte radicalement réformé et d’une vie religieuse à jamais fervente en Israël. Témoignage un peu lourd, sans doute, mais combien significatif de l’attachement d’un prophète à la maison de Dieu, de la nostalgie d’un exilé pour le lieu où son Dieu habita parmi les siens.

                Mais en même temps qu’elle révèle la vénération du prophète pour le Temple de Jérusalem, cette vision témoigne de ses préoccupations et de ses expériences. En tant que prêtre de Jérusalem, Ezéchiel a le souci de l’honneur du sanctuaire et de la décence du culte. Or, tout au long de son ministère, il a vu le Temple envahi par l’idolâtrie, la superstition, et les cultes étrangers. Il sait que la proximité du palais royal, l’autorité du monarque sur les lieux et les personnes sacrées, étaient la cause des plus graves péchés d’Israël. Il faut éviter désormais de pareils dangers. C’est pourquoi le Temple futur sera absolument indépendant, isolé sur une montagne, séparé du palais que l’on reléguera dans un autre quartier de la ville, à bonne distance.